C’est éclaboussé de sang et choqué que Riff sortit de la vieille bâtisse. Il reprenait ses esprits lentement sous le soleil d’été. La chaleur était écrasante. La même chaleur que dix ans auparavant. A cette époque, il n’avait pas cherché à comprendre plus que cela. Il avait couru droit devant lui. Non loin de là, il avait rencontré l’homme qui lui avait enseigner l’alchimie. Ces souvenirs se rappelaient à lui comme s’ils s’étaient déroulés la veille. Réfléchissant un instant avant de reprendre son chemin, il se mis à fouiller ses poches. Elles étaient vides. S’il devait pratiquer l’alchimie pour une quelconque raison, il devait avoir de quoi tracer un cercle de transmutation. Riffel se souvenait d’avoir utilisé une craie au bureau. Il remonta donc rapidement pour s’en saisir. Le cadavre de son poursuivant était toujours dans la pièce. Toutefois, le garçon n’était pas rassuré. Il n’osa pas s’en approcher pour vérifier qu’il était bien mort. Riff s’arrêta quelques secondes devant lui, puis sortit précipitamment. Bien décidé, cette fois, à mettre définitivement de la distance entre cette bâtisse et lui.
L’orphelinat se situait légèrement à l’extérieur de la ville de Batlort, dans un petit coin de verdure où la végétation avait repris ses droits. Dans la région sud d’Amestris, ces petits coins étaient rares. Cependant, Batlort était au nord de la région sud., proche de la région centrale. Riffel avait mis une bonne année en partant de la région Ouest pour revenir à l’orphelinat. Le jeune homme n’avait pas un bon sens de l’orientation. On pouvait même affirmer que son sens de l’orientation était inexistant. C’est ainsi, que fidèle à lui-même, il se mis en route rapidement. Sans se soucier de la direction à prendre, il s’engagea sur le chemin.
Ses chaussures étaient dans un piteux état. Il ne les avait pas changées depuis qu’il avait commencé son apprentissage dans les pompes funèbres, il y a de cela deux ans. Lors de son apprentissage, il ne les usait pas vraiment. Il aurait pu les garder encore un an s’il avait pu continuer sa vie là-bas. Hélas, depuis un an, il parcourrait les routes, fuyant ses congénères. Depuis un an, il était devenu le principal suspect dans une affaire de meurtre. Un homme était entré dans le magasin de pompe funèbre et avait tué le patron du garçon. Riff était parvenu à l’immobiliser et s’enfuir. Mais l’homme avait réussi à le faire accuser à sa place. Depuis il fuyait. Pour cela que ses chaussures étaient en piteux état. Les cailloux se glissaient par les semelles trouées, usées par de longues marches. Si au début l’état de ses chaussures l’avaient gêné, il avait fini par s’y habituer, ne ressentant plus la douleur.
Son pantalon et sa veste, bien que troués par endroits, étaient maintenus dans un état de propreté correcte. Dès qu’il en avait l’occasion le jeune homme les lavait dans une rivière ou autre point d’eau. Ce n’était pas parfait, mais au moins, cela les dépoussiérait un peu.
Riffel marchait ainsi vêtu en direction du sud pensant prendre la direction de central. Le sang de l’homme qu’il venait de tué lui avait giclé au visage et sur sa veste. L’état de choc dans lequel il se trouvait ne lui avait pas permis de s’en rendre compte. Au début, il avait fui l’endroit en courant. Puis avait progressivement réduit l’allure dès qu’il eut estimé être suffisamment loin. Au fur et à mesure qu’il cheminait sur la route, la végétation était devenue moins dense, plus rare, puis inexistante. La poussière se collait à ses vêtements. La chaleur se faisait plus intense et la soif commençait à gratter sa gorge. Un instant, il crut voir une personne au loin, se diriger vers lui. Sans doute un effet de la chaleur. Et sur le bord de route, il n’y avait pas une seule ombre.
L’homonculus venait de fuir Amestris, les derniers événements le poussait à devoir prendre un peu de distance. L’incarnation de l’avarice râlait seul en marchant les mains dans les poches, comment ce type pouvait oser le prendre de haut de la sorte, le manipuler comme un vulgaire pantin ? S’il n’avait pas ce fichu prince de malheur, il pourrait sans doute fuir le pays sans avoir à se soucier du reste. Non, il en était réduit à devoir approcher des soldats. Un jour il mettra la main sur Bradley, il lui fera regretter son insolence et son arrogance, ce gars se pensait tout puissant, une pensée qui lui tapait sérieusement sur les nerfs.
Mais un souci majeur se présentait à lui, Bradley avait sa horde de toutous. S’il essayait quoi que ce soit, il devrait faire face aux autres homonculus, chose qui même pour lui ne serait pas des plus évidente. Une bouteille d’eau à la main, il buvait tranquillement, le long de cette route lorsqu’une silhouette se dessinait au loin. Intrigué de voir quelqu’un marché par ici, il plissait légèrement les yeux continuant sa route.
Plus il s'approchait, plus la silhouette était visible, on dirait un enfant ? Qu’est-ce qu’un mioche ferait ici ? Seul sur le bord de la route. Greed s’approchait de lui, le gamin avait du sang sur le visage et sur ses vêtements, il semblait complètement ailleurs. Au début il décidait de ne pas y prêter attention, en vrai ce n’était pas vraiment ses affaires un gosse seul et perdu.
C’était sans compter sur l’autre.
“Tu ne vas quand même pas abandonner ce gosse ici quand même ?”
Cette voix insupportable et mielleuse qui avait le don de l’agacer.
“ Et en quoi ça me concerne cette histoire ?”
“ Je te signale que tu es dans MON corps ! Et moi j’ai décidé qu’on allait l’aider.”
Le prince reprenait le contrôle, il s’avançait vers le gamin le stoppant dans sa marche et se baissant à son niveau.
“Hey petit ça va ? Tiens de l’eau ça te fera du bien.”
Puis il lui tendait sa bouteille avant de lui mettre son manteau sur la tête. Greed en avait vraiment marre de partager un corps avec ce type.
Mer 20 Juil - 14:21
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Riffel Hotchkiss
Sous la chaleur du désert, Riff avançait droit devant lui en suivant la route. Il ne faisait plus attention à la silhouette qu’il avait vu, la prenant pour un mirage. Pourtant ce mirage ne disparaissait pas. Il grossissait. Il avait même une consistance physique puisque qu’il stoppa le garçon. Complètement agar, il regarda l’homme qui s’était mis à sa portée. Il le regardait sans vraiment le voir. Le choc qu’il avait subi plus tôt combiné à la chaleur rendait ses capacités intellectuelles nulles. Il n’était pas même capable de déterminer si cet homme était un sauveur ou un ennemi. Un son sortait de la bouche de l’individu, seulement Riffel n’en compris pas le sens. Il fixait l’homme avec les mêmes yeux agars depuis le début.
Il commença à réagir au moment où l’homme lui glissait une bouteille d’eau dans les mains. Instinctivement, il la porta à ses lèvres et commença à boire à petite gorgées. N’importe qui, dans pareille situation, aurait but à grosse gorgées. Mais pas Riff. Il savait que lorsque la soif avait gagné le corps, il fallait être encore plus prudent. C’était encré en lui au point qu’il n’avait plus besoin d’être en possession de ses moyens pour appliquer cette règle de prudence. Le liquide, bien que chaud, s’écoulant dans la gorge garçon ramena petit à petit ce dernier à la réalité.
Entre-temps, l’individu qui lui faisait face lui avait mis son manteau sur la tête. Alors qu’il tenait la bouteille d’une main, l’autre se porta naturellement sur les pans de tissus qui venaient caresser ses joues.
- Merci.
Bredouilla-t-il, tout en rendant la bouteille vide à son propriétaire. Riffel referma sa main sur le tissu qu’il avait à présent sur la tête et tira dessus afin de le placer également devant son visage. Même s’il était trop tard, et que l’homme avait vu son visage, se cacher de tous était un demi-réflexe. Se cacher et fuir. Même si actuellement, c’était un peu délicat, voir plutôt compromis. S’il avait affaire à un ennemi, il ne pourrait pas se défendre ici. Il n’y avait aucun moyen de faire de l’alchimie. Du moins, pas la sienne.
Etrangement, le garçon avait une sensation de déjà vue. Une fuite dans le désert. Puis la rencontre avec un homme… C’était à s’y méprendre, le même scénario que dix ans plus tôt. Partirait-il sur les routes avec lui aussi ? Ou sera-t-il tué sur place ? Il ne l’aurait pas sauvé s’il voulait le tuer. Mais pour s’en assurer, Riff devait lui faire comprendre qu’il pourrait lui être utile. Mais comment ?
- Je… Je vous dédommagerai pour votre aide.
Lâchât-il précipitamment en restant caché sous la veste de l’homme, conscient que rien n’était gratuit dans ce monde.
De sa hauteur l’homonculus regardait le gamin boire comme s’il n’en avait pas eu l’occasion depuis un moment. Qu’est-ce qu’il allait bien pouvoir faire de celui-ci ? Le laisser comme ça à la dérive dans le désert, même avec un manteau sur la tête et une bouteille d’eau il n’ira pas bien loin. Greed n’avait aucune envie de s’encombrer d’un autre humain, si ça ne tenait qu’à lui il le planterait là, sans se soucier une seule seconde de ce que deviendrait le garçon.
La gestuelle du jeune-homme trahissait cette méfiance, quoi de plus normal ? Manque de chance pour l’homonculus, il n’était pas seul dans son corps. Et pour son plus grand malheur, il avait visiblement décidé d’aider le garçon. Le prince lui attendait quelques minutes, tournant la tête vers Riff lorsqu’il l’entendait dire qu’il avait l’intention de le dédommager.
Il levait alors une main la secouant devant son visage, un léger sourire aux lèvres.
“Oh ce serait bien inutile. Mais dis moi, comment tu t'appelles ? Moi c’est Ling.”
Puis il lui tapotait le dos pour lui faire signe de continuer son chemin, même si c’était l’opposé de sa direction initiale il allait accompagner ce garçon. Au moins il ne lui arrivera pas de malheur en route, peu importe où il se rendait, tout ce qu’il espérait c’est ne pas tomber sur des militaires.
Ces gars son assez coriaces et s’ils le trouvent ici, un général va se pointer et là ce serait le début des emmerdes.
“Mais dis moi. Où est-ce que tu vas comme ça ? “
Il attendait une réponse avant de reprendre.
“Voilà ce que je te propose, je vais t’accompagner à ta destination. Histoire qu’il ne t’arrive rien, si tu as faim on pourrait s’arrêter pour manger en route. Je commence à avoir une sacré faim, la chaleur n’aide pas.
T’es partant ?”
Ensuite, doucement il mettait ses mains dans les poches, un air serein sur le visage, il suivait la même direction que le jeune-homme. Greed bouillonnait, il était impuissant, le voilà à faire du baby-sitting, il se jurait qu’un jour il fera regretter à ce prince de malheur son arrogance.
Ven 12 Aoû - 14:46
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Riffel Hotchkiss
L’homme se présenta à lui après avoir refusé l’éventualité d’un quelconque dédommagement. Riffel ne comprenait pas vraiment pourquoi. D’ordinaire, les personnes qu’il rencontre sont beaucoup plus avide. Toujours obtenir d’avantage que ce qu’ils ont ou pourraient avoir. Riffel dégagea un de ses yeux de dessous la veste pour regarder attentivement le dénommer Ling. Il avait les cheveux longs et les yeux bridés. Il n’était visiblement pas natif de ce pays. Il semblait sincère dans ses propos. Mais beaucoup avant lui avaient eu la même attitude pour ensuite réclamer leur dû. Qu’il soit d’Amestris ou étranger, il valait mieux rester sur ses gardes.
- Ri… Riff…
Bredouilla-t-il. Il préférait lui donner un diminutif plutôt que son prénom entier. Le jeune homme était encore sur ses gardes. La question du bridé laissa Riffel pensif un moment. Il n’avait pas vraiment réfléchi à l’endroit où il se rendait. La seule chose qu’il voulait était fuir ce coin. Partir le plus loin possible. Mais comment le dire sans paraitre suspect ? Mais il n’était pas particulièrement doué en orientation et en géographie. Il finit par décider d’être le plus honnête possible sans pour autant dévoiler le meurtre qu’il venait de commettre.
- Je… Je me suis perdu… Je veux quitter le sud…
Riffel acquiesça à la proposition de Ling. Il devait bien avouer que lui aussi avait faim. Il n’avait mangé qu’un bocal de fruit en trois jours. Autant dire, rien. Il se donna un coup de poing pour faire taire son estomac qui s’était mis à gargouiller à l’évocation de la nourriture. Le jeune homme ne voulait pas passer pour un clandestin mort faim, même s’il en avait toutes les apparences. Riff maintenait la veste de Ling devant son visage qui avait rosie de honte, ainsi que les larmes qui perlaient à ses yeux, suite au bruit de son estomac.
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