Quelle chaleur. Si j’avais su, j’aurais été faire les courses très tôt. Le temps est si changeant en ce moment. Je décide de me rendre au parc pour me reposer un peu et boire de l’eau fraiche. Par chance, j’ai réussi à trouver un coin d’ombre. Ça fait du bien.

Autour de moi, des enfants jouent, des gens se promènent, des personnes âgées discutent du bon vieux temps. Tous ont le sourire. J’aimerais être comme eux. J’aimerais avoir une famille. Et une vraie. Pas comme mes parents adoptifs qui m’ont menti. Je soupire avant de me relever et prendre le chemin du bar/hôtel.
Avant que je ne quitte le parc de la ville, quelques douces brises des arbres m’apportent un peu de fraicheur, ce qui me fait sourire.


Il ne me faut pas plus de vingt minutes pour regagner l’hôtel. J’ouvre la porte et pose mes sacs sur la première table.
Allez hop, il est temps de s’activer. Je commence à ranger et lorsque je descends dans la cave, je retrouve un vieux tourne-disque. Je le regarde avec nostalgie. Qu’il est loin le temps, où je dansais ici. Depuis combien de temps ne l’ai-je pas fait ? Plusieurs mois, je dirai.
Ni une ni deux, je le prends ! On n’a qu’une vie ! Alors ce soir, je danse !

Je pose le sac, je trouverai le temps de ranger plus tard.

Telle une furie, je me précipite pour poser le tourne-disque derrière le comptoir et vérifie qu’il marche encore. Bingo ! Ce soir, c’est la fête !


Le temps passe si vite qu’il est bientôt pour moi le temps d’ouvrir. Les tables sont prêtes, et une collègue m’a rejoint pour m’aider ce soir. Je prends quelques verres pour me mettre dans l’ambiance et enclenche la musique.

Très vite, les clients affluent et c’est le début d’une soirée dansante. Mais je danse seule, faute de n’avoir que des goujats autour de moi, tout en servant.

Le soir est arrivé. L’un de ces soirs tranquille où Mara n’est pas de service. Pour une fois, elle se permet de sortir en tenue décontractée, ne portant qu’un unique holster à la cuisse, sous sa jupe longue à carreaux. Au dessus, une chemise accompagne sa tenue, claire et aux manches longues, qui donne un bon contraste avec ses tresses. Comme à son habitude, cependant, elle porte ses lunettes rondes.

Avec l’arrivée des jours un peu plus chauds, cette tenue lui suffit pour aller voir Phoebe, au restaurant devant le QG. Dire que cette amitié à commencé juste parce qu’elle désirait espionner discrètement les monstres, et qu’il lui fallait une excuse pour rester longtemps sans s’intoxiquer à l’alcool ni se ruiner en consommations. Un sourire vient à son visage à ce souvenir.

Toujours est-il qu’en début de soirée, peu de temps après l’ouverture du restaurant, elle passe la porte de l’établissement. Quelle n’est pas sa surprise, dès lors, d’entendre un air musical inhabituel pour les lieux et de voir Phoebe se trémousser en faisant le service.

Bien évidemment, les pochtrons alentours ne sont pas insensibles au son, mais ils sont apparemment encore suffisamment sobres pour ne pas tenter quoi que ce soit de déplacé. C’est donc avec le pas plus léger, mais sans hésiter à lancer quelques regards assassins aux membres de l’assemblée qui semblent avoir les idées les plus mal placées, que Mara approche du bar.

— Salut ma belle. C’est joyeux ce soir dis-moi !

Le sourire de la brune se fait plus grand pour le moment. Des hommes sont présents, certes, mais elle ne voit pour le moment aucune coupe de cheveux ou uniforme qui laisse penser à un membre de l’armée, autant dire que son humeur est au plus proche du beau fixe que possible dans un tel endroit.

— Tu me mets la même ?

La même, quel meilleur indicateur que tu fais partie des meubles de l’établissement maintenant, lorsque ces simples mots, prononcés à n’importe quelle heure de n’importe quel jour, feront automatiquement apparaître un Virgin Mary devant toi.