Je pense avoir la bonne personne pour s’occuper de vous.
Alors nous y voilà. Quand tu entres dans la salle d'attente et que tu constates que les deux tiers des sièges sont occupés,
tu hausses un sourcil : est-il si recommandé par ses confrères ? Quelle surprise en plus de constater, lorsque tu observes d'un peu plus près, que plus de la moitié des patients ici présents sont... de jeunes femmes. Un Casanova aurait-il élu domicile dans cet hôpital ? Et les échos féminins alentours parlent d'un médecin très attentionné, doux comme une brebis et doué par-dessus le marché : un professionnel qui a donc dû faire bien des années d'études pour en arriver à se forger une telle notoriété.
Allons, allons.Tu es courtois Roy et tu as la tchatche avec la gente féminine, ce n'est un secret pour personne. Quand la blonde — qui est précisément sur ta droite — essaie d'engager une conversation avec toi,
tu l'écoutes avec la plus grande attention du monde, la saupoudrant de sourires convaincants en fins de phrases : une femme a besoin de se sentir écoutée et comprise. Il y a des gloussements, de ceux qu'inspirent les jeunes femmes en mal d'amour. Tu parviens même à obtenir son petit nom : Oriane.
«
Un doux prénom qui sied à un si charmant minois. »
Ces
bonnes manières t'attirent d'ailleurs bien souvent les foudres masculines du QG, qu'elles soient justifiées ou non : on te prête des aventures avec bon nombre de donzelles, à tort ou à raison, allez savoir. Tu es, aux yeux des autres, l'incarnation-même du coureur-de-jupons, de l'homme à l'appétit sexuellement insatiable — s'ils savaient — et pourtant, ils tomberaient sans doute de haut en apprenant que tu ne fais sincèrement... pas grand chose pour. C'est ton éducation qui prime avant tout sur ce côté gentleman qui est tien.
Aussi, lorsque l'une d'elles fait
malencontreusement tomber une sorte de petite barrette à cheveux devant toi,
tu t'empresses de la ramasser pour lui éviter à avoir à se baisser plus : en effet, la jeune femme en question porte une jupe et il ne faudrait pas que son entrejambe soit exposée à la vue de tous. Les femmes en jupe tu les aimes, bien évidemment, mais Madame Christmas a tout fait pour que tu disposes d'une éducation des plus distinguées, alors il serait assez malvenu de tout flinguer maintenant. Non, vraiment, c'est normal dans ta tête : tu douilles, mais au moins tu lui évites de se compromettre. Et bien entendu, les réactions féminines ne manquent pas, tandis que
tu te réinstalles correctement dans le fond de ton siège, affichant un petit sourire entendu.
Pour autant, joli coeur, n'oublie pas que tu es venu ici avant tout pour effectuer des soins et non pour t'accoquiner avec ces dames.
Et justement, en parlant du loup...
((ou plutôt,
de l'agneau))
«
Général Mustang. »
Ah, on dirait bien que c'est ton tour ! Le silence se fait dans la salle d'attente, tandis que
tu es déjà en train de saisir ta canne pour clopiner jusqu'au bureau désigné. Et quand tu t'intéresses un peu plus à la personne qui doit supposément s'occuper de toi, tu t'aperçois bien vite qu'il s'agit... d'une crevette au visage particulièrement juvénile ? Sa physionomie est chétive, tant et si bien que certains traits laissent penser à des traits féminins plus qu'autre chose. Ta mère adoptive t'a souvent répété de ne pas détailler les gens de la tête aux pieds, que ce n'est pas une façon convenable de se comporter pour un homme, mais... ça ne lui nuit pas, là, vu qu'il est de dos, n'est-ce pas ? Tu ne vas pas lui tourner autour pour l'inspecter, tu as bien d'autres chats à fouetter et chacun est fait comme il est fait : on ne décide pas toujours de sa physionomie.
«
Par ici. »
Un bonjour aurait pu être agréable, aussi. Quel âge a-t-il ? quinze ? seize ans à tout péter ? serait-on en train de te faire une farce ? En plus de ça, on dirait qu'il est plus apeuré qu'un Homme face à un ours, en témoignent ses grands yeux écarquillés. C'est vrai que ta stature peut impressionner — bah oui, tu es quand même le Flame Alchemist ! —, mais tout de même... comment pourrais-tu le prendre au sérieux ? À vue d'œil, tu en déduis qu'il ne doit pas faire plus d'un mètre soixante. Décidément, les jeunes de nos jours ne semblent plus consommer ni le lait, ni la soupe comme ils le devraient — oui, c'est bien au Fullmetal que tu penses en même temps.
Mais ce n'est peut-être que l'assistant du médecin ?
Tu observes pour voir si une plaque figure au niveau de son poitrail, ce qui te permettrait de savoir à qui tu fais face. Mais rien. Passons outre et terminons vite cette entrevue — on ne va pas s'en cacher, les séances de rééducation sont rarement plaisantes et on aimerait qu'elles défilent à une vitesse folle.
Tu t'installes dans le silence. D'ailleurs, après le bonjour, une autre chose te taraude : les présentations, c'est pour les chiens ?
contiens-toi, Mustang. Tu peux toi-même te montrer froid et silencieux, mais tu n'en oublies jamais pour autant les règles de politesse. Si tes grandeurs sexuelles sont connues de tous et de toutes...
... ton manque de tact est tout aussi légendaire.
((tu n'as pas tous les codes, Roy))
((mais tu es un
monstre, après tout))
((non ?))
«
Bonjour, monsieur... ? tu lances cette formule un peu à la volée, interrogatif, comme pour lui faire comprendre qu'il a commis un impair, tout en cherchant à capter son regard — tu sens que ça ne va pas être chose facile et tu as horreur que l'on ne te regarde pas en face lorsque l'on te parle. Tu aimerais bien savoir à qui tu as affaire pour de bon. Non pas que tu sois regardant ou que tu veuilles sembler condescendant, mais il y a un minimum à respecter tout de même : tu es un Général, pas un vulgaire bout de viande ; aurait-il omis ce menu détail ?
J'ai passé une semaine et demi à l'hôpital. Tous les soins premiers ont été effectués, si ce n'est la rééducation qui vous a visiblement été confiée. »
... enfin... tu penses ?
Notons qu'il n'y a aucune animosité dans ta voix : tu parles comme le ferait un Mustang, tout à fait classiquement — quoique avec un peu plus de mots tout de même, mais il faut bien lui expliquer, non ? Par contre, tu n'iras pas plus loin, tu n'es pas médecin après tout. Et puis, s'il ne le sait pas encore, le fameux
jeune homme risque de bien vite comprendre que tu es loin d'être le patient le plus loquace qui soit. Et dire que Fletcher était enthousiasme à l'idée de t'envoyer ici, tu te demandes bien quelle mouche l'a piquée. Pour autant, Roy, ne soyons pas incivilisé, optons pour
un sourire très discret à son encontre malgré tout, nous ne sommes pas des bêtes.
«
Veuillez excuser mon indiscrétion, mais le docteur a du retard ? »
Restons dans l'idée qu'il s'agit là de l'assistant, hum.