Cela fait quelque temps que je parcours ce pays pour le compte de cette armée. Et plus je le fais, plus l’image que j’ai de l’armée et des dirigeants est négative. Au coffin du territoire, la population souffre. Elle est exploitée, annihilé. S’ils ont le malheur de se défendre, ils sont exécutés. Etre militaire dans ce pays, c’est participer à ces oppressions. Pour moi, il est impossible qu’aucun de ces militaires ne s’en soit rendu compte. Et par définition, ils cautionnent tous. En voyant tout cela, je me demande si mon frère a été exécuter comme un chien ou s’il a eu la chance de perdre la vie d’une manière plus honorable. Je ne me fais pas d’illusion. Amestris n’est pas réputé pour laisser la possibilité à ses victimes de se défendre. Mon frère n’a surement été qu’un insecte sur leur route. Un de plus.
Et pendant que des populations entières perdent la vie aux frontières, les habitant des grandes villes vivent dans l’opulence et l’inconscience. Certains même profitent du chaos aux frontières. Vraiment, ce pays me débecte.
Perdu dans mes pensées dans un bar de la ville j’en oublie même le manque de distractions. A moins que le manque de distraction soit à l’origine de mes pensées sombres. Depuis quand suis-je accro à ces distractions ? Quand j’étais à Drachma, je profitais de mon temps libre pour le partager avec une femme. Ce n’était pas tarifé. Juste un échange de tendresses. Ici, je passe mon temps libre avec quelques jolies filles éparpillées dans le pays, mais, principalement avec des danseuses de charmes. Il n’y a pas de tendresse, pas de sentiment. Tout est creux, comme ce pays.
Je porte mon verre à mes lèvres. Je n’ai plus une goute dedans. Depuis combien de temps est-ce que je bois ? Combien de verre ai-je enquillé. Je suis rentré à Central tout à l’heure. J’ai fait mon rapport pour mon ancien chef et… Je rencontrerai le nouveau demain. Même l’alcool ne comble pas la déchéance de ce pays. Pour le bien de tous, il doit disparaitre. J’en suis de plus en plus convaincu. Je suis un général de Drachma infiltré à Amestris. Pour ce faire, j’occupe un poste de major au sein de l’armée de ce pays. Et demain, j’intègre la section 9, sous les ordres du colonel Griffin. Ma mission : trouver la faille pour détruire Amestris. Après tout, ce sont eux qui nous ont attaqué les premiers.
En parlant du colonel. J’ai effectué quelques recherches. Sinon, je ne serais pas un bon espion. Il est plutôt petit. C’est un alchimiste d’Etat. Le Frozen pour être exact. Et il était à Ishbal. Non pas en tant qu’alchimiste, mais en tant que sentinelle. Bon tout cela n’a rien d’extraordinaire. Tout est dans son dossier militaire. En revanche, ce qui est plus délicat c’est les « à cotés ». Il ne vit plus chez ses parents, mais ne possède pas de logement propre à lui. Il a recueilli un jeune soldat pour les fêtes de fin d’année. Et, petit point croustillant, il fréquente une femme. Il pourrait s’agir d’un médecin. Mais ce fait reste à confirmer. D’ailleurs, sur la table, à côté de mon verre, se trouve les fiches de différents médecins militaire de Central. Seule quatre ont attirées mon attention. Parmi ces quatre, trois femmes et un gamin. On trouve la meilleure de Central. Celle que l’on dit pouvoir surpasser le médecin de la forteresse de Briggs. Son assistant aussi a éveillé ma curiosité, mais pour d’autres raisons. Les deux autres femmes sont tout aussi belles, mais moins douées.
Je suis installé dans un bar qui, par chance ne ferme pas. Des équipes se relayent. Je ne serais pas mis dehors. Je jette un œil à ma montre. Mon rendez-vous est dans 12 heures et 12 minutes. Etrange, quand je suis entré dans ce lieu, je n’avais que 8 heures à tuer. Cela veut dire que… 12 minutes. Il arrive dans 12 minutes… Enfin s’il n’est pas en avance. Je commence à rassembler les fiches pour ne pas les laisser trainer. Les 4 que j’ai sélectionner trainent encore sur la table alors que je fais un tas avec les autres.
Pourquoi je le rencontre au bar, ce colonel ? Parce que la dernière fois que j’ai rencontré un supérieur dans son bureau, sans avoir l’excuse de l’alcool, j’ai eu droit à des réflexions sur la couleur de mes yeux. Il n’est pas courant de voir des yeux rouges dans l’armée d’Amestris. Et il vaut mieux laisser entendre que cela est dû à une surconsommation d’alcool, que des origines Ishbal. D’autant plus qu’il faut être idiot pour me prendre pour un Ishbal de sang pur avec ma peau laiteuse et mes cheveux roux…
•La Section 9 essuyait pas mal de changement ces derniers temps, cependant Corwin tâchait de s'adapter tout en conservant une bonne cohésion dans son équipe. Quelque chose qu'il découvrait depuis qu'il avait quitter les ordres directes de Mustang. Ce dernier, il devrait un jour lui rendre visite, ne serait ce que pour prendre un café. Après tout, il leur avait laisser son paquet en guise de souvenir. Une forme de souvenir, comme s'il n'était jamais réellement parti. Une pensée qu'il garda en tête, car pour le moment il était plutôt préoccupé par les recherches concernant sa petite sœur, portée disparue depuis des mois. Il restait intiment convaincu que ce n'était pas le fait des hommes de Drachma. De plus Edward semblait être sur une piste de son côté.. C'était donc quelques jours après avoir croiser le plus jeune des frères, Al.. Ce dernier cherchait aussi des informations et Corwin avait tenté de l'y aider, sans attirer l'attention de qui que ce soit. Du moins il l'espérait, car le Frozen tâchait de garder le profil bas, comme le lui avait intimé Mustang. Si au départ, le jeune Colonel s'était montré très peu coopératif sur le sujet, la raison avait eu raison sur son ressentit. Quelque chose de parfaitement normal, quand on le connaissait.
Hors donc, ce matin, il devait rencontrer sa nouvelle unité... Une pièce qu'il ne saurait pas encore bien placer sur l'échiquier, tant qu'il ne l'aura pas vu à l’œuvre. Cependant, il avait pu parcourir un peu son dossier. Un homme plutôt ambiguë et nuancé. Voila qui serait propre à un espion. C'est du moins ce que lui soufflerait le Major et ami, Grayson, cela ne faisait aucun doute. A cette pensée, un petit sourire en coin naquit sur les lèvres de Corwin, avant de disparaître aussi rapidement qu'il était venu. Notre Alchimiste avait donné rendez vous dans un bar, non loin du QG. Un endroit fréquenté par les militaires et habituellement toujours ouvert. Un coin parfait pour passer inaperçu et un excuse pour prendre un café sans que l'on lui dise de lever le pied. Sa Lieutenant Gladia était très observatrice concernant sa consommation de café. Tout en rajustant son képi sur la tête, Corwin longeait la rue commerçante , avant de s'engager sur sa gauche. Le soleil d'hiver n'était pas dérangeant, pas même pour son œil un peu affaiblit. Cependant le froid tiraillait un peu sa cicatrice qui ornait le côté droit de son visage. Assez fine toutefois pour être des plus discrète. Une blessure parfaitement soignée grâce à l'Elixirologie, plus qu' à des soins classiques. Une main dans la poche de son pantalon, notre Griffin venait parfois caresser la surface argenté de sa montre, tout en laissant tranquilles les autres bagues liés à son alchimie qui y résidaient aussi. Son manteau sur le dos, il en avait relevé le col pour se préserver de la fraîcheur de cette matinée.
Son pas était dynamique et son allure donnait à penser qu'il savait exactement où il se rendait. C'était le cas, alors qu'il franchissait déjà le seuil de ce bar. Jamais encore il n'y était allé, mais Corwin le connaissait de réputation. Une fois à l'intérieur, le Colonel balaya rapidement les lieux d'un simple regard, avant de finalement rejoindre le militaire au cheveux de feu. Il était le seul du coin qui correspondait aux descriptions retranscrit dans le dossier qu'il n'avait évidemment pas avec lui. Levant la main pour commander un café, le jeune homme se contenta de prendre place sur une chaise, faisant face à cet homme qui était bien plus grand que lui. Mais ça, Corwin n'en avait que faire. Il savait pertinemment bien gérer ses avantages et ses inconvénients. Son regard s’attarda brièvement sur l'apparence de son subordonné... notant son grade et son expression.
• Vous êtes en avance....Major Andersson je suppose ?
Sa voix était aussi calme que taciturne. Une intonation si neutre que ça pourrait choquer, mais c'était dans son habitude..Posant son képi sur la table, le serveur arrivait déjà avec un café bien chaud. Corwin le remercia et attrapa la tasse par le dessus sans pour autant le porter à ses lèvres. Pour le moment, il se contentait d'en savourer sa chaleur, alors que notre homme n'était pas frileux pour autant, bien au contraire.
• C'est assez peu coutumier de se rencontrer ici officiellement, plutôt qu'au QG, mais j'y vois aussi une certaine forme de confort.
Toujours sur la même tonalité, tandis que l'horloge annonçait huit heures du matin.. Le Frozen était reconnu pour sa ponctualité.
J’avais eu le temps de regrouper toute mes fiches en un seul tas quand un homme s’approcha de la table. Seule la fiche du soldat Hotchkiss était alors visible. C’était un homme de petit taille avec une expression taciturne. Juste avant qu’il n’arrive j’avais commandé un autre verre de whisky qui me fut porté en même temps que son café.
Dans sa voix inexpressive, je ne parvenais pas à comprendre si sa remarque était un reproche ou un compliment. A moins que ce ne soit juste l’exposition d’un fait. Cela se présentait donc délicat. Ne pas pouvoir deviner les intentions d’un homme le rendait moins manipulable. Il me faudra trouver sa faille rapidement.
- J’aime m’imprégner des lieux, colonel…
J’avais fait exprès de ne pas utiliser l’abréviation de monsieur. Bien que dans cette armée j’étais moins gradé que lui, ça me faisait mal de montrer du respect à un mioche à la botte de ce pays de meurtrier. Et puis, je voulais tester sa réaction.
- Pour que certains arrivent juste à l’heure, il en faut d’autres à l’avance pour assurer leur sécurité…
Ce n’était qu’un basique entretien, mais bien une simulation de mission. Lui le gradé qui donne les ordres, moi l’espion qui repère les lieux. Ainsi, sans parler, nous connaissions nos rôles. Bien sûr, il n’y avait pas de danger dans ce bar. Mais j’avais déjà mis en place les pièces de mon échiquier pour jouer cette partie. Je portai mon verre à mes lèvres pour en prendre une gorgée. Je savourais le liquide descendant dans ma gorge puis braquais mes yeux rouges sur l’homme en face de moi.
- J’aime bien savoir à qui j’ai à faire… Et un bureau est plutôt impersonnel. Tout étriqué dans nos uniformes nous répondons à des règles… Mais ici, nous sommes des hommes comme tout le monde. Avec nos qualités, nos défauts, nos faiblesses, et nos points forts. Sauf votre respect colonel, nous ne menons pas cette guerre dans un bureau, mais bien sur le terrain, au milieux de la population parfois… Ce n’est donc pas dans un bureau que vous pourrez juger mes capacités… Enfin bon, je ne vais pas vous faire un plaidoyer sur là-dessus… Vous connaissez votre travail.
Personnellement, j’en doutais un peu. Mais bon. Il ne fallait pas froisser de mioche. Tout au long de ma tirade je m’étais plus ou moins affalé sur le dossier de ma chaise. J’avais également récupéré ma cigarette qui trainait dans un cendrier pour la porter à ma bouche et recracher la fumée en direction du plafond. Dès les premières minutes, je lui avais montré mes vices et mes compétences : ma capacité d’analyse, ma rigueur, mon adaptabilité, ma capacité à me fondre dans un univers, et mon insubordination, sans oublié ma passion pour l’alcool et le cigarette. Pour les femmes, je le laisserais découvrir cela plus tard.
•Le café servit, Corwin observa simplement cet homme bien plus grand que lui, plus âgé aussi. Mais ce dernier point, le jeune Colonel s'en fichait pas mal, il avait toujours travaillé avec plus vieux que lui, s'il omettait Ed ou encore Riffel. Son regard anthracite s'attarda un temps sur les documents qui appartenaient à son subordonné, pour le moins atypique.. Un nom se grava dans son esprit, et il releva ses pupilles sur cet homme qui récupérait son Whisky. De l'alcool fort en pleine matinée, cela cachait il une forme d'alcoolisme ? Il ne fallait pas croire, mais c'était un souci plutôt récurrent chez les militaires, surtout ceux qui cachaient un certain traumatisme. De son côté, le besoin s'était porté sur le café. Le Major Andersson lui avouait qu'il appréciait s'imprégner des lieux et qu'il était toujours préférable d'arriver un peu en avance, par simple sécurité. Il y avait bien longtemps qu'il n'avait pas entendu cette leçon. La première et la dernière fois, c'était sur le front, en tant que sentinelle, afin d'assurer les arrières des Alchimistes d'Etat. La prévention... Cet homme savait ce qu'il faisait. Un lieu publique permettait aussi d'éviter de gros risque.. Mais entre membre d'une même armée, cela s'avérait un peu trop suspect. D'une voix monocorde, Corwin prit la parole tout en portant un instant à ses lèvres, la tasse de café, pour en subtiliser une gorgée.
• Cet entretient aurait mérité d'être fait au Quartier Général. Vous vous seriez un peu mieux imprégnez de l'endroit où l'on à besoin de vous. Parce que je ne forme pas à moi tout seul cette équipe, la Section 9. Tous méritent de vous rencontrer et ne méritent pas votre défiance... J'ai besoin d'une équipe qui sait ce qu'elle fait et avec qui elle travaille, pour que la confiance règne et je me fiche bien des grades tant que l'on fait ce qu'il faut derrière.
Les choses semblaient dite de son côté, alors qu'il devrait reconnaître que le café était pas mal. Une chose agréable qu'il garda pour lui-même, tandis qu'il reposait un pied sur sa cuisse, donnant alors une attitude un peu plus désinvolte. Le Frozen savait tenir son rang, mais il avait aussi le don de casser les codes.
• Si vous vouliez que nous soyons en immersion.. nous ne porterions pas nos uniformes.. Et je ne vois pas l'utilité de le faire ici, alors que nous nous sommes engager à protéger la population, pas à l'effrayer.
Encore une chose assez clair. Corwin se souciait des gens et le ton n'avait pas bougé d'un iota.. Toujours aussi impassible, il buvait son café jusqu'à ce qu'il n'en reste que la moitié. Dans tout les cas, notre Griffin avait ressenti une certaine gêne à son égard, une sorte de petite pique. Est-ce lié à son âge ? C'était fortement probable, car il l'avait déjà bien connu en voyant comment son ancien supérieur était considéré avant lui.. Un Colonel aussi jeune, ça faisait toujours parler. Mais quand on connaissait son parcourt, on ne pouvait pas le lui retirer non plus. Corwin finit par déposer sa tasse sur la table, et reprit :
• Ma jeunesse ne devrait pas vous importunez, il y a bien longtemps qu'elle a disparue. Mon objectif c'est de faire mon travail et de protéger cette population des dangers potentiels tout en préservant au maximum la paix , aussi précaire soit-elle. Si cela est dans vos cordes, alors vous avez votre place dans la Section 9.
Lentement, le Frozen reprit sa tasse, attendant sagement la moindre réaction de son interlocuteur..
J’écoutais les remarques du colonel Griffin. Le voilà qu’il me faisait la morale. C’était de bonne guerre. Je commençais à trouver ce jeune homme distrayant. Il ne se laissait pas facilement impressionner, mais ne montait pas sur ses grands chevaux. Un homme calme. Du moins en apparence. S’il l’est aussi à l’intérieur, il saura peut-être me canaliser. Et… Tiens ? surprenant ! Un colonel qui se fiche pas mal des grades ? Dans cette armée ? Serait-il différent de ceux que j’ai côtoyé jusqu’à présent ? Impossible. Amestris est le mal incarné. Je ne peux pas croire qu’il existe des personnes droites dans ce pays.
A la nouvelle position du Frozen je ne pus retenir un sourire.
- Et au quartier général vous auriez aussi adopté cette position ?
Je le titillais un peu gentiment. Mais le fait qu’il se sentait à l’aise en ce lieu était flagrant. En attendant, il ne semblait pas avoir remarqué la couleur de mes yeux, ou s’en fichait pas mal. Je ne parvenais pas à le savoir. Je n’allais pas non plus mettre ce sujet sur table.
- Nos uniformes ?
Je regardais mes vêtements. Diantre, je ne m’étais pas changé. Non seulement j’étais en uniforme, mais il était couvert par la poussière du voyage. Je fais négligé et je n’aime pas ça. Pas étonnant que toute les jeunes femmes de passage cette nuit m’aient rendu mon sourire sans s’approcher…
- Pardonnez ma tenue… Je ne suis pas encore rentré chez moi.
Et qui espère-t-il berner avec son discours sur la protection de la population ? Si cette armée avait vocation à protéger, elle ne tuerait pas comme elle le fait. Est-il sincère ou hypocrite ? Avec ce ton monocorde il m’est difficile de déchiffrer. Et si sa position décontractée n’est, comme moi, qu’un leurre, alors j’ai un sacré gaillard en face de moi. Qui es-tu vraiment colonel ? Je sens que nous allons jouer une petite partie de jeu d’échec tous les deux…
- Qui vous parles de jeunesse ? Sauf votre respect colonel, je me fiche de votre âge. Si vous êtes compétent pour commander des hommes, le reste ne m’importe peu.
Colonel… Ce qui me gêne n’est pas votre âge, mais votre pays. Votre… alchimie… Tout ce qui fait Amestris. Non votre âge n’a rien à voir avec l’animosité qui m’habite à votre égard… Mais ça, je ne peux pas vous le dire. Sinon, vous me tuerez sur place sans autre forme de procès. Et il en est hors de question.
J’avais toujours gardé mon air joviale et décontracté malgré mes pensées sombres. Je pris une autre gorgé de whisky et portant mon regard dans le sien, dévoilant alors mes pupilles rouges. Il le prendrait sans doute pour une conséquence de l’alcool. Cela me convient. Me faire passer pour alcoolique pour justifier cette couleur n’est pas mal aussi.
- La protection des miens a toujours été ma vocation. Je me suis engager dans ce but et ne reviendrais jamais en arrière.
Petite phrase véridique et alambiquée. Ici je suis un amestrien lambda. Mais les miens sont incontestablement les habitants de Drachma…
•Toujours dans une position un peu désinvolte, Corwin termina avec regret son café et finit par la déposer sur la table. Rien n'était plus triste qu'un café avalé pour de bon. Cependant, notre Colonel ne perdit pas pour autant le fil de la conversation et il devait reconnaître que son subordonné ne manquait décidément pas de réparti. Le visage placide, Corwin fixait de ses yeux gris cet homme à la chevelure flamboyante. A sa remarque concernant sa posture, l'un de ses sourcils se releva à peine, tranchant un peu avec cet aspect bien trop sérieux et taciturne. La réponse était déjà fait en son esprit, non, il ne changerait pas de position, à moins que vous soyez son supérieur ou encore le Généralissime. Reposant simplement le coude sur l'arrière de la chaise, il inclina un peu sa tête sur le côté et laissa entendre sa voix monocorde sur la question :
• Pas si vous n'êtes pas mon supérieur ou bien encore son Excellence.. Je mise sur l'efficacité de mes hommes plus que sur leurs manières, mais malgré tout, je ne rechigne pas à un minimum de tenue.
Soulignant par là qu'en effet, son uniforme avait quelque peu souffert. Non, il n'ira pas plus loin, car il voyait bien que Alexis le réalisait tout seul et s'en excusait déjà. Au moins il avait le sens de la présentation. Corwin jugeait donc parfaitement inutile de lui faire une toute autre remarque. Il n'était pas le Général Klemin. Celui là.. le Frozen regrettait un peu de ne pas avoir Mustang au dessus de lui à la place. Cela aurait été bien trop simple et quelque part, le jeune homme soupçonnait une manœuvre pour éviter que ces deux là, soit un peu trop relié. La conversation perdura jusqu'à ce que le Major ne lui fasse remarqué qu'il n'avait que faire de son âge et estimait que s'il était à sa place, c'était bien pour une raison. Corwin reprit alors une posture plus neutre et hocha de la tête. Encore un point parfaitement éclairci entre eux. Ce type s'adaptait vite, ce qui était un atout non négligeable quand on sait que la Section 9 s'aventurait bien souvent en dehors des frontières. La tasse ne fut pas remplacer sur la table et le Frozen ne fit rien pour en réclamer un autre.. Pourtant, depuis la disparition de sa sœur, il avait augmenté la dose, bien que le Lieutenant Leving s'appliquait à parfois, lui subtilisé son café.
• La protection des vôtres. Mais il faudra bien plus.. La population est notre priorité. Si nous pouvons empêcher des conflits grâce à nos mission, ce serait la plus belle des récompense.
Par ce qu'il ne voulait plus voir un tel massacre comme à Ishbal...ni voir des soldats mourir sous les ordres d'un officier qui n'en avait que faire...
• Si vous avez vu comme moi autant de mort durant la guerre, vous devriez comprendre cela.
Il avait nota son regard pourpre, mais il n'en avait pas fait mention jusque là. Que lui importait les origines, tans que l'on agissait pour le bien commun. Cependant, Corwin mettait les pieds dans le plat pour savoir si Alexis savait qu'il avait été à Ishbal. Est ce que la rancœur ferait qu'il refuserait cette mutation.. l'amènerait à lui jouer des tours plus tard ? Dans tout les cas, les pupilles anthracites de notre jeune buse ne quittait pas un instant ceux de son subordonnée, tandis que le ton n'avait pas dépassé celui d'une conversation simple.
Je ne pus m’empêcher d’élargir mon sourire à la réponse du petit colonel. Il me plaisait bien. Il avait non seulement de la répartit mais ne se laissait pas impressionner. Et ne manquait pas d’humour de surcroit. Ou du moins, je lui concédais un humour noir qui me plaisait énormément. Dommage que nous ne jouons pas dans le même camp. Je sens que le jour où je devrais me retourner contre lui, j’en aurai le cœur brisé. Non, impossible. Mon cœur est déjà en miettes. Comment pourrais-je m’attacher à cet homme alors que mon frère, sa femme et leur enfant, ainsi que ma femme ont été tués lâchement par les soldats de son pays. Comment pourrais-je oublier cela ?
Je pensais que tout était clair, mais non. Le voilà qu’il se montrait pointilleux sur un point. Mais quel point ! M’aurait-il percé à jour ? L’expression de mon visage ne bougea pas. Toujours sereine, pleine de confiance en moi, et toujours barré d’un grand sourire.
- Vous ne vous êtes pas renseigné sur moi ? Je n’ai pas de famille. Quand je parle des miens, c’est de la population. C’est peut-être idiot, mais ça réchauffe le cœur de se dire qu’on est toute une famille.
Soit je suis grillé, soit mes explications de pacotille passe. Mais je pense plutôt qu’il pensait que je parlais de ma famille. Sauf que pour Amestris, je suis orphelin et célibataire sans enfant. Je dois avouer que sur ce point-là, il me déstabilise un peu. Je m’efforce tout de même de ne rien laisser paraitre. Pas évident de se créer une vie quand on en a déjà une bien remplie. Les joies du métier d’espion. Non je ne me plains pas. J’adore ces missions. C’est d’ailleurs moi qui me suis porté volontaire pour cette mission d’infiltration. Mon fils année avait voulu me suivre. Et je ne m’y suis pas opposé. Un autre, j’aurais sans doute décliné. J’aime bien bosser en solitaire.
Le colonel enchaina sur la guerre. Je n’ai pas Ishbal, c’est vrai. Je n’ai aucune information fiable sur ce qu’il s’y est réellement déroulé. Aucun soldat qui y étai n’a voulu m’en parler plus que cela. Traumatisés qu’ils sont. Ne me faites pas rire. Ils sont revenus vivant après avoir massacré des civils et ils pleurent ? Et nous, les familles des victimes, devons juste nous taire et les consoler ? Ma main autour de mon verre tremble de rage en pensant à cela. J’espère que cela aussi passera sur le compte d’un alcoolisme. J’hoche la tête pour dire que je comprenais. Même si mes combats sur le front n’ont toujours été que face à l’armée d’Amestris, et pas la moins puissante, puisqu’il s’agit des troupes de Briggs. Et affronter leur reine entre ces montagnes, c’est déjà gouter à l’enfer. Celle-là, serait une digne successeur du généralissime. Non. Elle ne doit pas arriver au pouvoir ou Drachma sera rayé de la carte. Je l’éliminerai…
•Le café était désormais vide dans cette tasse et rien ne paraissait plus triste que cela. Pourtant, écoutant une certaine petite voix qu'il associerait à celle de sa Lieutenant, Corwin ne reprit point de café. Sa posture n'avait pas spécialement évoluée, restant plus ou moins désinvolte. Ce qui donnait sûrement à penser qu'il était simplement là pour prendre un verre, rien de plus. Cependant, ce qui se jouait sur la table était bien tout autre. Inspirant lentement, le jeune Colonel ne perdait pas du tout patience et ne se montrait pas plus méfiant que cela. Il affichait toujours cet aspect taciturne, alors que son subordonné lui précisait ce qu'il pensait en matière de population. Une réponse qu'il appréciait en vérité. Cet homme était bien curieux mais au moins ils avaient un objectif commun... Hochant lentement de la tête
• Alors nous sommes d'accord en ce qui concerne la population. La Section 9 existe pour évité que des conflits s'enveniment grâce aux informations que l'on peut obtenir sur le terrain ou bien par notre médiation. Autant dire que je veux des personnes aux nerfs d'aciers... Vous avez ça en rayons ?
Une simple question, mais qui pouvait en dire long. En effet, Corwin lui disait presque « Bienvenue au sein de l'équipe » si tu dis « oui. » Le Frozen se contentait de garder un peu le silence pour voir ce qu'il en était. Mais il se rappelait ce que lui avait dit le Major... S'il s'était renseigné sur lui. Il pourrait jouer la carte de la franchise. C'était une marque chez le jeune homme. Tant qu'on était franc avec lui, que ce soit contre son avis ou pas, c'était bien un trait qu'il valorisait. Tôt ou tard, le Colonel saurait s'il s'agissait d'un mensonge ou pas. Ce genre de chose se découvrait un jour ou l'autre... Et Corwin paraissait être un homme tenace pour venir faire payer l'addition. Comme il l'avait fait envers un certain Kimblee, même si, en effet, on avait jamais retrouvé le corps.
• Pour être honnête, je n'ai lu de vous que la première page du document qui vous concerne, je préfère me fier à ce que je vois et surtout à vos actions. Les papiers ne donnent jamais les bonnes impressions..
En effet, on pouvait apparaître comme un soldat modèle, la personne la plus propre sur soit dans un dossier, mais être un véritable danger sur le terrain, que ce soit pour la population comme envers vous même et vos camarades de combat. Le tremblement de main n'échappa pas à son attention cependant et Corwin n'en fit pas étalage.. Lui même souffrait de quelques tremblements par moment, surtout depuis qu'il avait augmenté les doses de cafés. Il ne les comptaient plus trop ces derniers temps. Pour le moment. Ni le Lieutenant Leving, ni Adair n'avait pu relevé ce souci chez lui et il en était soulagé.. Il y avait bien plus important actuellement. Ce qui était un tort, mais sa raison n'avait pas le dessus sur la mauvaise foi à ce propos.
• Vous avez quelque chose à ajouter ?
Le Frozen lui laissait tout simplement l'opportunité de poser une question ou bien d'approfondir une zone d'ombre... En cet endroit, personne ne faisait attention à eux. Des militaires, ils en avaient une pelletés qui se pointaient dans les bars, quand le moment se présentait.
J’écoutais les réponses du petit colonel et m’efforçant de ne pas éclater de rire. Il me sert sont petit idéal. Non mais vraiment. Ecoutez-moi un peu ce petit fils à papa. Il me débecte finalement. Eviter que les conflits s’enveniment grâce aux informations. Bien sûr, c’est la même politique qu’à Drachma. Avoir les bonnes informations pour frapper le premier et anéantir la menace. Ne me parle pas de paix gamin. Tu n’y crois pas non plus. Je ne t’en veux pas d’agir ainsi, car je le fais. Je suis justement là pour collecter ces précieuses informations pour vous exterminer. Nous sommes en guerre. Et à ce jeu, il n’y a pas de règles.
- J’ai ça en rayon. Sinon je ne serai pas devant vous…
Petite phrase ambigüe, colonel. Si tu savais à quel point mes nerfs sont d’aciers pour me tenir devant toi et te démontrer que je serais le meilleur de tes alliés… Mais aussi celui qui te plantera un couteau dans le dos, sois en certain. Si tu savais tout cela, tu ne me poserais pas cette question stupide. Alors oui, j’ai bien des nerfs d’aciers…
- Sans parler d’impression, les papiers donnent une première lecture. On a ainsi un contexte où situer la personne. Par exemple, j’ai appris de vous que vous avez une formation d’horloger. Sans doute que votre ponctualité vient de là. Ni en avance, ni en retard. Juste à l’heure. Je ne doute pas non plus que vos rapports doivent-être d’une exactitude exemplaire. Surtout quand on connait le passé et la réputation de celui qui vous a tout appris…
Je lâchai mon verre vide pour allumer une cigarette.
- Ça ne vous dérange pas ?
La question était purement rhétorique. Je me fichais de la réponse, car je l’allumerai même s’il me disait que la fumée le dérangeait. Sans attendre sa réponse je continuais mon geste et tira une première bouffée salvatrice que je recrachai au-dessus de ma tête. Puis, tenant cet objet entre deux doigts, le pointa vers mon nouveau supérieur pour ponctuer mes nouveaux propos.
- Au risque de vous déplaire, colonel…, je n’ai pas pour habitude d’être réglé comme un coucou. N’attendez pas de moi que je rentre dans un moule. En revanche, le travail sera toujours accompli dans les temps et les résultats seront présents. Si vous ne craignez pas mes méthodes peu orthodoxes, je suis l’homme de toutes les situations. J’ai même appris toutes les langues des pays frontaliers dans l’espoir d’intégrer une section telle que la vôtre.
Un peu de vérité dans tout ce tissu de mensonge ne pouvait pas faire de mal. Car oui, mon but était bien d’atteindre une section du renseignement d’Amestris. Et j’y parvenais.
•La nonchalance de son nouveau subalterne ne le touchait guère. Cet endroit n'avait rien de militaire qui plus est, et Corwin n'observait pas toujours les règles. Il était plutôt du genre à vouloir surprendre et c'est sans doute ce qui attendait Alexis... Ce dernier avait un peu trop d'arrogance, c'est du moins ce que relevait notre jeune buse ici présente. Le coude sur le dossier de la chaise, ce dernier n'offrait aucune expression, si ce n'était ce côté taciturne. Encore un type qui pense faire ce qu'il voulait ? Vraiment, ce n'est pas ce que recherchait le Frozen. Une personne qui pense différemment de lui, c'était le plus important, mais pas non plus un soldat qu'il fallait sans cesse rappeler à l'ordre. Donner des ordres était une perte de temps. Car le jour où vous cessez d'en donner, alors les gens feront n'importe quoi. Une chose qu'il avait parfaitement compris de la part de Grumman mais aussi de Mustang. Son regard anthracite ne lâchait pas son opposé et un sourire en coin des plus discret marqua ses lèvres pendant une fraction de seconde. Le Major allumait sa clope avec une question fait pour la rhétorique. Corwin voilà juste son regard pendant une petite seconde et se contenta de répliquer.
• Tant que ce n'est pas dans le bureau sans ouvrir la fenêtre, ou que vous en mourriez, je m'en fiche, Major
Le ton était à la fois monocorde mais aussi très désinvolte. Il n'était pas sa mère après tout. De plus il n'avait pas l'intention d'être vu comme un gamin, comme certains aimaient le lui faire ressentir. Quant à la suite des propos de Alexis, il se contenta de croiser les bras en retour.
• Je ne suis pas là non plus pour être votre mère, Major. A vous de savoir vous comporter comme il faut. Le travail est une chose, devoir balayer vos écarts devant mon supérieur, pour rien, ne m'intéresse pas. Vous semblez assez renseigné sur moi, mais je ne suis pas aussi bien réglé que vous le pensé.
Notre Alchimiste avait bien parlé de terme comme « pour rien » Autrement dit, si cela n'est pas à cause d'un travail rondement mené, une mission.. une bonne cause.. Il ne pourra pas toujours le couvrir pour ses frasques. Il reprit une posture plus désinvolte et parla à nouveau.
• Je ne suis pas moi même une personne qui marche parfaitement dans les clous et il en va de même de pas mal de membre de la Section 9.. Il se pourrait bien que ce soit nous qui vous surprenions§... Vous devriez être un peu moins à cheval sur ce que vous avez pu apprendre sur nous, mais plus sur vos interactions.
Corwin ne le grondait pas, mais il lui démontrait à sa façon qu'il n'était pas du genre à se laissé marcher sur les pieds. Alexis lui laissait un sentiment de flou, mais il préférait le voir en action avant de porter un jugement trop hâtif.
• Pourquoi tant d'effort pour notre section d'ailleurs ? Vu votre allure et vos facilités concernant les langues, vous auriez fait un parfait agent secret.
J’avais pris une autre bouffée de cigarettes et avait recraché la fumée pour masquer un soupir. Ce jeune colonel, tout compétent soit-il m’exaspérait. Un coup à cheval sur la discipline, un coup laxiste. J’entendais parfaitement ses limites et me promis de ne pas trop les franchir. J’avais besoin de garder ma couverture intacte. Et mieux, si je l’avais à la bonne, il me fournirait bien plus que je ne pourrais espérer. Ce n’est pourtant pas mon genre de faire des concessions.
Et je sais bien que le papier ne remplace pas les actes. J’aurais aimé avoir plus de temps pour tous les observer avant cette entrevue. Mais hélas, ce ne fut pas le cas. Je serais contraint de découvrir le tout sur le terrain. Non pas que je ne sache pas le faire. Je le fais très souvent. Mais savoir où on met les pieds donne toujours un certain avantage. Très bien, je jouerai donc la partie ainsi.
En revanche, sa question me fait sourire. Tu ne crois pas si bien dire mon coco… Hoho… Corwin… Coco… Je me fais rire tout seul. Il me faut garder mon sérieux. Bien sûr que je suis un bon espion. Pourquoi crois-tu que je veuille intégrer ta section ? Pour justement être au cœur des informations de ce pays. Les secrets des autres pays, je les ai déjà. Ou du moins, j’ai la capacité à les avoir. Mais Amestris reste un grand mystère que je suis en charge de percer. Mais ne crois pas que je te dirais tout cela. Je ne suis pas idiot à ce point.
- Mes cheveux. Ils sont bien trop voyants. Et je suis très attaché à leur couleur. C’est le seul héritage mes défunts parents…
Aller, je verse ma petite larme pour l’amadouer un peu. Après tout, ici, je ne suis qu’un orphelin. La véritable raison au fait que je refuse de les teindre, c’est que cela prend énormément de temps de le faire et empiéterait sur mes loisirs. En parlant de loisir… J’irais bien faire un tour dans cet établissement. Il est également fréquenté par le flame alchimist. Avec un peu de chance, je pourrais avoir des informations compromettantes sur cet homme… En plus d’y passer du bon temps. Et si je le croise… Je lui ferais une petite ardoise…
Bon, ce n’est pas le tout, mais j’aimerai bien me coucher moi… J’espères ne pas lui avoir fait trop mauvaise impression. J’écrase ma cigarette dans le cendrier, ou du moins le mégot.
- Voulez-vous savoir autre chose colonel ?
Ne pas oublier que le supérieur est ce blanc bec. C’est lui qui mène l’entrevue. Donc lui qui décide quand y mettre fin. Aller encore un peu de courage.
•S'il y a bien une chose que travaillait Corwin depuis ses premiers pas au sein de l'armée, c'est bien de toujours surprendre et de ne pas se montrer trop prévisible. S'il savait être pointilleux, il savait aussi contourner les règles. Bien des fois, cela sauvait la mise. Une leçon qu'il tenait à la fois du Général Grummam mais surtout de Roy lui-même. Un petit sourire en coin s'invita à ses lèvres, furtif mais présent,, tandis que le Major semblait répondre avec un peu de dérision. Quand à en savoir plus, non. Le Frozen préférait laisser ses hommes s'exprimer et prendre leur habitudes avant de soulever quoi que ce soit. Cependant, il était clair que son subordonné était de loin la personne la plus énigmatique de son équipe. Il espérait que cela ne porterait pas préjudice. Bien que de nature méfiante, le Frozen était toutefois prêt à lui faire confiance. Une base pour ne pas mourir sottement durant une mission si possible. Pendant quelques secondes, son regard s'attarda sur le mégot qui gisait dans le cendrier, avant de revenir sur ce visage plus âgé que le sien.
• Je n'ai rien à ajouté Major. Seul le temps nous dira si vous avez votre place parmi nous, mais je n'en doute pas vraiment.
Les formalités n'avaient jamais été le fort du jeune Colonel et pourtant, il fit un geste qu'il n'avait connu que lorsqu'il avait été sous les ordres directs du Général Mustang. Se relevant de son assise, Corwin attrapa son képi pour le remettre sur sa tête, avant de finalement tendre sa main droite envers Alexis. Il révélait ainsi son anneau alchimique à son majeur, tandis que d'une voix monocorde, il reprenait.
• Bienvenue au sein de la Section 9. Ne soyez pas en retard...Sinon je vous laisse vous expliquer avec le Général Klemin. Ce n'est pas le moins grognon de nos supérieurs.
Il plaisantait ? Non, notre Griffin ne semblait pas être le plus blagueur en la matière, bien au contraire, il avait même tendance à être un peu trop sérieux. Après quoi, il paya pour tout deux avant de finalement s'en retourner pour rejoindre la porte de sortie. Voici donc une nouvelle pièce sur son propre échiquier, mais il restait à voir ce que cet homme allait lui offrir. Le fait qu'il ne soit pas facile à lire avait quelque chose de rassurant. En effet, au QG de Central, mieux valait ne pas être un livre ouvert au risque de se faire dévorer sur place. Une fois dehors, Corwin marqua une pause pour respirer l'air frais de cet hiver. Sa sœur était quelque part et il avait l'impression qu'elle était bien plus proche qu'il ne le pensait. Une sale impression qui avait tendance à obscurcir son jugement et à mordiller sa patience. Mais l'ultimatum de Mustang à son égard résonnait encore au sein de son esprit. Inspirant une nouvelle fois, le Frozen se forgea un visage insondable, tandis qu'il reprenait son chemin en direction du QG. Alexis avait les clefs en mains et il espérait avoir un membre sûr et stable tout comme pouvait l'être le Lieutenant Leving.
Je réprime un soupir de soulagement. Ne rien laisser paraitre sur le fait que je souhaite en finir avec cette entrevue. Ce serait impoli de ma part. Je lui dois un minimum de respect. Même si cela me répugne. Respecter un militaire d’Amestris ? Que ne dois-je pas faire pour le bien de ma mission.
Par reflexe, je me lève quand le petit colonel me tend sa main. Sa bague aux graphiques alchimiste est alors dévoilé. Mais cela ne me surprend pas. Je le sais alchimiste. Je ne joue pas l’étonné non plus. Il sait que je me suis renseigné. Je tends également la main pour saisir la sienne.
- Je tâcherai d’être ponctuel, colonel.
Je ne pus pas retenir un sourire à la réflexion sur le général Klemin. Je trouverai bien un moyen d’amadouer cet homme. Tout le monde à un côté sombre que l’on peut exploiter. Et pour les vieux généraux ronchons, il est facile de leur graisser la patte. C’est en revanche plus délicat pour le jeune colonel un peu trop utopique. J’ai bien noté mon petit colonel… Je serais dans vos petits papiers… Vous ne pourrez plus vous passer de mes services…
Je le laisse payer les consommations. Je n’ai pas été très gourmand cette nuit, mais la note ne doit pas être légère non plus. J’attends cinq minutes après son départ pour sortir à mon tour. J’ai franchi une étape de ma mission. Me voilà donc dans une section importante de l’armée d’Amestris. Et si les informations à tirer ne sont pas à la hauteur, je changerai d’affectation. Tout simplement…
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