« Le train d’East City entre en gare de la Central voie 2 » Cris une voix féminine dans un haut-parleur. Après des heures de train j’arrivais enfin à Central City. J’étais partagé entre l’excitation de retrouvé la métropole animée et l’agacement d’avoir été choisi par le Général Grumman pour faire décoder un message. « Enfin arrivé ! » Criais-je en m’étirant. Je laissai échapper un bâillement et me mis en route. A l’entrée de la gare m’attendais près de sa voiture le Commandant Alex Louis Armstrong avec un grand sourire. « Rebecca ! Je suis là ! Avez-vous fait bon voyage ? » Criait-il en se dandinant dans tous les sens. « Bonjour Commandant, le voyage était interminable, je suis bien contente d’être arrivé » A bord du véhicule, le Commandant Alex Louis Armstrong m’expliqua les faits divers de Central, notamment l’ambiance pesante de la capitale suite à la disparition mystérieuse de nombreux sans abris. Ces disparitions inquiétaient la population qui n’osaient plus sortir le soir. Bonjour l’ambiance, moi qui voulait profiter de mon séjour à Central une fois ma mission terminée… Adieu les rencontres de bon partis. Il fallait le Général m’envoie à Central lors d’une période de tension... Maudis soit ce vieux schnock ! J’en profita pour mettre au parfum le Commandant de l’objet de ma visite. Il fallait que je trouve impérativement le fameux « Bruce Grayson » afin qu’il décode le message. Plus vite je le trouverais et plus vite je pourrais profiter de mon séjour ici. « Le Lieutenant Grayson ? Je ne suis pas sûr que vous le trouvez au bureau, il est souvent absent en raison de nombreuses missions qui l’accapare. Mais je vous conseille d’essayer l’hôpital car il va souvent faire des soins auprès du Major Fletcher » S’interrogea le grand blondinet en jouant avec sa moustache. L’hôpital ? C’est bien ma veine, j’espère que ce Lieutenant n’était pas gravement blessé sinon ça allait compliquer la mission. On se dirigea donc vers l’Hôpital militaire de Central City. Bien qu’il était immense, quel je fus ma surprise de voir la concentration de personnes blessées qui dessinaient le paysage. Les secrétaires à l’accueil n’avaient aucun répit entre le téléphone qui ne faisait que sonner et les nouveaux malades qui se présentaient à elles. Mon dieu, cette ambiance me donnait des frissons dans le dos… Je repérai le Commandant Alex Louis Armstrong qui s’engouffrais dans un couloir et le suivi. Il s’arrêta devant une porte et toqua avant d’entrer. Je balayai la pièce du regard et vis à ma droite, un jeune garçon au corps frêle et juvénile me regardant interloqué. Quel âge devait-il avoir ? 15 ? 16 ans ? Qu’est-ce qu’un enfant faisait dans le bureau du Major Fletcher ? Après un long silence, je me décidai à engager la conversation « Excuse-moi ? » dis-je avec le plus grand de mes sourires.
Cela faisait quelque temps que Riffel secondait le docteur Fletcher à l’hôpital. Il apprenait beaucoup d’elle. Aussi bien en terme de soins à prodiguer, qu’en médicament. Pour ce qui était de l’apprentissage des relations humaines, c’était plus auprès de Jacob qu’il trouvait quelques conseils. Un homme qui, au premier abord semblait bourru, mais se révélait très attentionné. Il fallait juste faire attention de ne pas être trop maladroit, ou ne pas se perdre dans les couloirs. Ce dernier cas arrivait un peu moins souvent à Riffel depuis la rentrée. La période des fêtes avait assez mal commencé pour lui, mais il avait eu la chance de tomber sur le colonel Griffin. Il n’en avait pas parler, ni avec Jacob, ni avec le docteur Fletcher. C’était une situation peu commune que de se retrouvé recueilli par un supérieur. A peu de chose près, le colonel Griffin lui faisait penser au général Hawat.
Le gamin suivait globalement le major dans ses consultations pour apprendre. Il lui arrivait de faire quelques consultations, seul, mais le major ou Jacob, supervisaient de loin. Il y avait cependant quelques consultations où le major préférait être seule. C’était en général pour les dossiers un peu complexes, dont les blessures n’étaient pas uniquement physiques. On avait bien tenté d’expliquer à Riffel le principe des blessures psychologiques, mais ce domaine restait pour le moment hors de sa portée. Aujourd’hui, le major Fletcher recevait le major Grayson. Un de ces cas particuliers où Riffel n’y entendait rien. Il assurait donc une petite permanence dans le bureau du docteur tout en révisant pour l’examen d’alchimiste d’Etat. Il ne s’était pas du tout attendu à ce que deux personnes extérieures au service déboulent dans le bureau. Riffel leva le nez de ses révisions et le regarda ahuri. Il ne mit que quelques secondes à se reprendre, se levant de sa chaine après avoir posé son stylo.
- Bonjour. Le docteur Fletcher est en rendez-vous. Mais je peux sans doute vous aider ?
Il adressa un petit sourire frustré. Cette femme semblait vouloir manger le premier homme à sa portée, et le colosse derrière lui empêchait toute fuite. Riffel regrettait l’absence de Jacob en cet instant.
« Bonjour. Le docteur Fletcher est en rendez-vous. Mais je peux sans doute vous aider ? »
En rendez-vous ? Mince c’était bien ma chance. Plus vite j'aurais trouvé ce Lieutenant mystère et plus vite je pourrais profiter un peu de Central City.
« Je vois… Je sens que la journée va être longue… » Soupirais-je
A peine arrivé à Central City je commençais ma mission à jouer au chat et à la souris. Je maudissais une nouvelle fois le vieux schnock de m’avoir donné cette mission. Il aurait pu envoyer quelqu’un d’autre que moi. J’essayais de relativiser en me disant que ça ne me ferait pas de mal d'être dans le centre-ville. Je pourrais revoir certains collègues que je n'avais pas vus depuis des lustres, tel que Rize. Ce soir je sortirais voir des verres. Il devrait peu être avoir une bonne ambiance le soir dans cette grande ville. Enfin… j’espère ? Si je devais rester quelques jours pour ma mission autant en profiter un peu. Et pourquoi pas trouver un bon parti par la même occasion ?
Plongé dans mes pensées j’avais oublié le but de ma visite. A regarder de plus près le jeune garçon, il ne semblait visiblement pas à l’aise. Son regard chétif laissait transparaître son innocence. Est-ce moi qui l’intimidait ou le colossal Commandant Armstrong ? Un sourire se dessinais sur mon visage en même temps que je m’approchais du petit gringalet.
« Je te remercie... Tu t'appelles ? Je suis le Lieutenant Rebecca Catalina et le grand blond à côté de moi c'est le Commandant Armstrong. Nous sommes à la recherche du Lieutenant Grayson. Apparemment il vient souvent se faire soigner à l’hôpital par le Major Fletcher. L’aurais-tu vu ? » Répondais-je en arborant une nouvelle fois un grand sourire.
Au soupir de la jeune femme, Riffel se sentit peiné. Malheureusement, si elle voulait à tout prix parler au docteur Fletcher, il ne lui serait d’aucune utilité. Le jeune homme fit un pas en direction de cette femme qui semblait abattu par tant de déboire. A moins qu’elle n’ait mal quelque part. Elle ne semblait plus vraiment là, comme si son esprit était parti Ailleurs. Riffel essaya de capter son regard pour s’assurer qu’elle n’avait pas fait un malaise. Ce n’est que lorsqu’elle s’approcha de lui, que le jeune homme fit un pas en arrière. Un geste instinctif, mais un geste de recule malgré tout. Il avait même ^lacé un bras devant son torse, comme pour faire barrière. Ce n’était que pur instinct, car ce geste ne le protègerait en rien.
- Ri… Riffel…
Parvient-il a bredouiller avant qu’elle ne se présente et présente le colosse derrière elle. Il était tout sourire et… Que faisait-il ? Il est fou ? Pourquoi faire ça ? Pour rassurer le jeune homme ? Ou pour faire étalage de sa musculature ? Le fait est que le commandant Armstrong se retrouva torse nu dans le bureau du docteur Fletcher. Riffel s’en trouva pétrifié sur place.
- Je… Je peux pas vous répondre… Mais je lui dirai que vous le chercher…
Articula-t-il quand il eut trouvé suffisamment de force pour répondre et reculer de nouveau. Il était effrayé, cela allait sans dire. Reculant sans quitter la montagne de muscles des yeux, Riffel se heurta à un porte-manteaux qui bascula. Il tenta de le rattraper avant qu’il ne touche le sol avec son chargement. Mais il se débrouilla tant et si bien, qu’il se retrouva en dessous, caché par les vêtements. Sonné par l’objet en bois, mais pas inconscient pour autant, il ne bougea pas pendant un moment, le temps que sa tête cesse de tourner.
J’essayais de déchiffrer les émotions du jeune garçon qui me faisait face. Riffel ? Voilà un prénom plutôt original. Son visage laissait transparaitre un mélange d’inquiétude et de malaise. J’avais à peine oser m’approcher de lui qu’il recula aussitôt. Il avait l’air si craintif que cela en devenait attendrissant. C’est moi, ou le petit était troublé ? En suivant son regard, mes yeux s’arrêta sur le colosse blondinet, qui était torse nu. A quel moment ce type s’est dessapé ?!
« Ne fais pas attention à mon camarade petit, il est … disons particulier…» Dis-je en me tapant le front.
Je me tournai vers le colosse qui arborait un sourire de vainqueur.
« Pourriez-vous vous rhabiller ? Le petit est sur le point de faire une attaque ! » Chuchotais-je dans son oreille sur le pointe des pieds.
Pourquoi avais-je amené Monsieur muscle avec moi ? Bien que j’aimais beaucoup le Commandant Armstrong, il fallait avouer qu’il avait un niveau de narcissisme au-dessus de la moyenne. Et ce comportement n’allait pas aider à mettre à l’aise le jeune Riffel qui était déjà chétif.
« Je… Je peux pas vous répondre… Mais je lui dirai que vous le chercher…»
Je n’avais pas le temps d’attendre. Plus vite je rencontrais le Docteur Fletcher et plus vite j’aurais peut-être une réponse concernant la localisation du Lieutenant Grayson.
En l’instant d’un instant je vis notre Riffel au sol assommé par un porte-manteaux. Il ne bougeait plus. Je fis un regard notre Au Commandant car c’était sa faute si le petit était autant effrayé. Instinctivement je couru vers lui pour le relever.
« Attention petit ! Tu vas bien ? Attend je t’aide à te relever Dis-je en tendant ma main avec un sourire inquiet
Le colossale Armstrong ne comprenait pas en quoi la vue réconfortante de ses muscles pouvait effrayer à ce point le petit docteur. Il décida donc d’attendre la jeune femme dans le couloir, les laissant seuls tous les deux.
Riffel reprenait peu à peu ses esprit et se dégagea de sous les manteaux. Il se retrouva nez à nez avec la brunette. Il trouvait qu’elle était un peu trop proche de lui. Mais il ne pouvait pas se défaire de cette mélasse de vêtement aussi rapidement qu’il l’aurait voulu pour fuir. Finissant pas prendre cette main tendue vers lui, Riffel se remis debout avec l’aide de la dénommée Rébecca.
- Ne… N’en parlez pas au docteur…
Sans attendre de réponse, il releva le porte-manteau et le rechargea de son contenue qui s’était déversé. Il inspecta chaque habit pour s’assurer qu’aucun grain de poussière ne s’y soit accroché. Il était si méticuleux, qu’on pourrait croire qu’il craignait quelque chose si tout n’était pas en ordre. Et c’était bien le cas. Il avait vécu un an à craindre une punition pour tout action qu’il faisait. Ce n’était pas une bonne approche pour la vie en société.
- Le docteur Fletcher en a pour un moment… Je peux vous inviter à l’attendre à la cafétéria. Je vous y accompagne si vous voulez…
Proposa-t-il. Il savait très bien qu’il n’avait pas le droit de laisser attendre cette dame, tout lieutenant qu’elle était, dans cette pièce précise : le bureau du docteur. Il jeta un regard navré sur le bureau où trainait quelque livres d’alchimie. Il les referma et les empila dans un coin de la pièce avant de prendre une petite veste pour sortir du bureau. Ayant grandi dans le sud du pays, Riffel avait encore du mal à s’habituer au climat de Central. Et si dans le bureau il faisait bon, les couloirs étaient encore un peu frais. Mais il s’arrêta avant de franchir le seuil de la porte.
- Vous êtes sûre que le monsieur est sans danger ?
Formulation quelque peu maladroite. Mais une fois rassuré, il conduira les deux militaires jusqu’à la cafétéria où ils pourront continuer de discuter.
Lorsque le grand Blondit décida d’attendre dans le couloir, je vis le visage du jeune garçon reprendre un peu de couleur.
« Ahh bah voila ! » . Je laissais échapper un sourire de satisfaction.
A ma grande surprise accepta mon aide pour se remettre debout. Peut-être qu’à la fin de notre conversation il allait se détendre complètement, bien que je connaissais déjà la réponse.
« Ne… N’en parlez pas au docteur…»
En parler au docteur Fletcher pourquoi faire ? Quel serait le but ? Je dévisageais le garçon, cherchant dans son visage des réponses à mes questions. Je me demandais si le docteur Fletcher faisait si peur que cela. Il est vrai que j’avais entendu que c’était une femme de caractère.
Je regardais le jeune garçon relevant le porte-manteau et son contenu Une vague de peine m’envahi. Peut-être que ce jeune Riffel avait connu une enfance difficile qui expliquerait ce côté craintif de sa personnalité.
« Le docteur Fletcher en a pour un moment… Je peux vous inviter à l’attendre à la cafétéria. Je vous y accompagne si vous voulez… »
Je regardais Riffel ranger les livres qui étaient sur le bureau du docteur. Je compris à son expression qu’il était mal à l’aise que nous restions dans le bureau.
« Ah… c’est bien fâcheux car je suis un peu pressé par le temps… Soit, j’attendrais une petite heure, en espérant que le docteur se libère » Dis-je résigné
Attendre, d’accord…. Mais combien de temps ? Je n’avais pas de temps à perdre.
«Riffel, je te remercie. J’aimerais bien que tu nous conduis à la cafeteria. » Repris-je
J’eu à peine le temps de prononcer ma phrase que je vis d’arrêter net le jeune garçon.
« Vous êtes sûre que le monsieur est sans danger ?! »
Je laissai échapper un gloussement. C’est vrai que sur le terrain notre grand Blondinet était très fort, mais en dehors il était inoffensif.
« Oui ne t’inquiète pas, on dirais pas comme ça, mais il est doux comme un agneau. Allons-y Riffel je te protégerais » Dis-je avec un petit clin d’œil taquin
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