Bien que je sois Général de Brigade, je n’ai pas intégré l’État-Major et honnêtement, pour le moment, je ne le souhaite pas. Je ne me considère pas à ma place là-bas, sachant que je souhaite la chute de King Bradley. Mais même si je n’en fais pas partie, j’ai le droit régulièrement, à des annonces de visites protocolaires. Lorsqu’il s’agit d’un général de passage ou d’un haut-dignitaire d’un autre pays. Il y a quelques jours, j’ai reçu une dépêche signalant l’arrivée prochaine de la Reine des Glaces en personne : Olivia Armstrong… La sœur du Major Alex Louis Armstrong en personne. La Bouclier de Briggs, le Démon des Neiges. Les surnoms sont nombreux, mais c’est une femme forte que je respecte par-dessus tout. Cette femme mérite mon respect pour tout ce qu’elle accomplit dans la Région Nord.

J’étais dans mon bureau, lorsque j’entendis le véhicule de la Générale arriver. Je me levai et sortis de mon bureau, histoire d’aller l’accueillir et discuter un peu avec elle. Je portais mon uniforme, comme à mes habitudes. Les mains dans les poches de mon pantalon, j’avançais dans le couloir, me fichant royalement des réflexions de certains officiers supérieurs qui me traitaient d’un certain nombre de surnoms débiles. Parce que mon ambition était parvenue à me hisser plus haut qu’eux bien plus vite. Je ne faisais pourtant que mon boulot. Mais mon objectif profitait grandement de cette ambition.

Arrivant en bas du Bâtiment du QG principal, je vis la Générale, je lui souris poliment avant de lancer d’une manière neutre.
"Bienvenue à Central, Générale, avez-vous fait bon voyage ? Que nous vaut la visite de la Gouverneure du Nord ?"
J’étais poli et amical. Je n’avais aucun grief contre celle qui protégeait notre pays de l’un de nos plus belliqueux ennemis : Drachma.

by Didi Farl pour Never-Utopia

Je connaissais la Générale Armstrong pour beaucoup de choses. Y compris par les récits, rares mais flippants de son frère Alex Louis, et je la savais froide. Mais je ne pensais pas qu’elle serait aussi sévère avec moi. Elle ne m’aimait visiblement pas. Et bien soit. J’avais appris qu’elle exécrait les Alchimistes d’État en témoigne les troupes stationnées à la Forteresse de Briggs et leur absence dans les rues de la Région du Nord. Et bien, je m’en fichais, je resterai poli et courtois comme je le devais envers un officier supérieur. Quand bien même elle me détesterait. Je n’avais cure des langues de vipère qui parcouraient le QG central d’Amestris, je n’aurais cure de l’énervement de Dame Armstrong.

Ces mots montrèrent toute la morgue qu’elle avait pour moi. On m’a appris à sourire de ce genre de personnage. Et bien soit, je sourirais et je le faisais de toutes mes dents. J’avais bataillé pur en arriver là, littéralement. Affronté le Crimson n’était pas chose aisé, ni facile et, je l’avoue sans détour, sans le Frozen à mes côtés ça aurait vite dégénéré. Elle m’annonça qu’elle avait rendez-vous avec le Généralissime, chose que je ne savais effectivement pas. Elle m’annonça aussi qu’elle savait pour mon nouveau grade et qu’elle n’en rajouterait pas. Soit. Je souris à nouveau et je dis simplement.
"Merci Générale. Réussir à obtenir ce grade n’a pas été de tout repos."
Le temps montait doucement, l’été était déjà bien avancé et la chaleur commençait doucement à monter. D’ici quelques jours, elle serait étouffante dans cette région. Ma région natale allait rapidement me manquer. Car même si j’étais un alchimiste adorant le feu, je n’étais pas un grand fan des grosses chaleurs. Je le supportais souvent sans dire un mot. Mais c’était ainsi. Elle regarda sa montre avant de me demander de lui payer un café. Cela avait tout l’air d’un ordre déguisé. Je ne pouvais donc pas aller contre sa volonté, mais comme elle ne l’ordonnait pas directement. Je répondis avec amabilité.
"Avec plaisir. Allons au mess des officiers. Leur café est plutôt bon."
J’en ramenais parfois à Corwin pour qu’il n’use pas trop vite sa réserve personnelle. Je savais donc de quoi je parlais. Je tendis une main pour lui montrer le chemin. J’allais l’accompagner.

Pendant les quelques mètres de couloir nous séparant du réfectoire, j’abordais la conversation de manière simple et amicale.
"J’espère que les choses se passent bien du côté de Briggs. Il semblerait que nous ayons de petits soucis dans l’ouest, des attaques ciblées de villages. Beaucoup ici, pensent aux rebelles. Mais je sais de sources sûres que ce n’est pas eux. Je pencherais pour une incursion d’un pays ennemi. Je n’ai cependant aucune preuve pour l’instant."
C’était des banalités pour ne pas avoir à marcher sans bruit.

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Les soldats présents regardaient notre petite procession d’un air surpris, parfois méprisant et quelques visages étaient même moqueurs. Était-ce pour moi, pour le fait de voir la Générale Armstrong au QG principal ou était-ce l’incongruité de notre duo qui amusait ? En tous les cas, comme à chaque fois, je ne m’y intéressais pas. C’était ainsi depuis toujours. L’homme le plus opportuniste de l’armée. Cependant, personne ne connaissait mon but véritable et personne ne pouvait savoir à quel point j’étais motivé pour y arriver. Donc je n’en faisais plus cas depuis longtemps. Surtout qu’ils avaient beau se moquer de mon ambition, en attendant l’État-Major me confiait ces missions d’importance et cela me rapportait parfois des promotions, tandis qu’eux se contentaient de leur fauteuil dans un petit bureau. Leur principal sujet de discussion était de savoir qui avait le bureau le plus proche du Généralissime ou encore les bruits de couloir inhérents à tous les QG, mais celui-là était pire encore.

Tout en marchant, j’avais décidé d’entamer la discussion. Olivia fit mine de s’y intéresser et cela me suffisait. Je jouai les imbéciles heureux, mais j’étais toujours concentré quoi qu’on en dise. Perdant mon sourire, je répondis avec sérieux.
"Les chances que ce soit Drachma sont minimes, si c’est ce que vous pensez. Je pense que ce genre d’attaque ne leur ressemble pas. Je verrais plus Creta ou Aerugo, bien que nos relations diplomatiques avec Aerugo soient plutôt bonnes."
Je ne pouvais pas dire le contraire. Déjà que je savais que Drachma n’était pas réellement à l’origine des attaques de Central. Enfin, ma rencotnre avec cet homonculus prouvait indubitablement cela. Mais la plupart des citoyens de ce pays, Olivia incluse le croyait et cela faisait le jeu de cet homme, celui que je tentai si bien de détruire.

En arrivant dans le mess, il y avait qu’une table de prise et c’était par quelques généraux de l’État-Major, notamment l’homme qui devait me détester au plus haut point, le Général Klemin. Après un rapide salut je conduisis la Générale près du pupitre où se dressait l’une des plus belles machines du QG. Je me servis un simple café noir avant de continuer.
"De votre côté comment se passe la gestion de Briggs, pas trop d’ennuis j’espère."
J’étais sérieux, ce n’était ni une moquerie, ni un reproche déguisé. Je m’enquérait réellement de la situation à notre frontière nord.

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Ma réflexion sur le fait que je ne pensais pas que les Drachmans soient à l’origine des attentats ne passa pas réellement auprès d’Olivia. Mais je restais impassible à sa menace implicite. Je réfléchissais et lorsque j’étais en réflexion stratégique, je n’étais ni moqueur, ni prétentieux, j’étais un homme pragmatique qui réfléchissait aux implications de ce que toutes les pièces du puzzle impliquaient. Je secouai la tête avant de répondre.
"Générale. Depuis combien de temps tenez-vous la frontière ? Depuis assez longtemps pour que Drachma préfère vous écraser plutôt que de vous contourner. Malgré tout ce qu’on pense, ils ont leur fierté. Mal placée, certes, mais assez pour que je sois certain que ce n’était pas les hommes du Nord qui ont attaqué Central."
A vrai dire, le fait que ce Greed nous avait presque donné l’info du responsable m’aidait aussi dans ma réflexion, mais je ne pouvais pas le dire tout haut. Surtout pas au QG de Central, même si j’avais en face de moi Olivia Armstrong une femme au tempérament suffisamment flippant pour qu’elle puisse insulter Bradley en public sans que personne ne lui cherche querelle. Je n’étais pas elle. La Gardienne du Nord.

Au mess, notre conversation continua tranquillement. Sa réflexion me passa allègrement au-dessus de la tête. Car, j’avais décidé de la traiter comme chaque officier supérieur avec moi. Mes mots étaient respectueux et polis, mais mes gestes ne l’étaient jamais. Je me souviens que lorsque Klemin était venu me remettre l’ordre de traquer Kimblee je n’avais même pas daigner me lever. De plus, me servir en premier permettaient de vérifier si l’équipement utilisé n’avaient pas été compromis de quelque manière que ce soit. Une fois qu’elle fut servie, je la laissai choisir la place tout en écoutant ce qu’elle avait à me dire sur la situation. J’eus un sourire en coin, pas moqueur, juste amusé. Elle avait raison.
"En tant que Gouverneure et Protectrice du Nord, je suis certain qu’une demande de ravitaillement supplémentaire sera rapidement accordée."
Je me refis sérieux avant d’ajouter froidement.
"Donc si l’activité du côté de l’Union de Drachma est identique à d’habitude, je suis persuadé qu’ils n’ont pas attaqué Central. J’ai demandé ses conclusions au Général Carver quand il est passé. Lui est obnubilé par les Rebelles, pensant qu’ils sont responsables de tous les maux de la Terre. J’espère que vous ne faites pas comme lui une fixette sur nos voisins par-delà la Forteresse."
Question purement inutile, je savais très bien qu’Olivia n’avait rien en commun avec le pompeux Gouverneur de l’Ouest.

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Je n’étais pas stupide, j’avais toujours en tête plusieurs stratégies et plusieurs coups d’avance, comme un joueur d’échecs se devaient d’avoir. Le fait de reconnaître les compétences des hommes de Briggs n’étaient pas une erreur, ces hommes jouissaient de résultats qui auraient fait pâlir n’importe quel chef de l’État-Major y compris le Généralissime. Briggs était une gifle imposée à tous les Drachmans. Une insulte, un camouflet, choisissez le mot qui vous plaît, mais force est de constater que Armstrong et toute la forteresse pouvait se targuer d’avoir mis la misère à bien des officiers de Drachma, y compris le Boucher de Radoiev, un officier connu pour ses réussites, car il ne reculait devant aucune barbarie pour réussir ses missions.

Lorsque la Générale explosa, je la regardai incrédule, comme de nombreux officiers présents. Je soupirai, elle avait beau être la Reine de Glace, elle avait le sang chaud quand on piétinait la réputation et l’honneur de ses hommes, ou d’elle-même. Je secouai la tête avant de reprendre tout en douceur, car je n’avais aucune raison d’hausser le ton.
"Vous m’avez mal compris. Je vous conseillais de ne pas agir comme le Général Carver. Ce qui signifie que vous êtes intelligente et surtout que vous prenez soin de vos hommes. Ce coup de sang le prouve. Je sais que, pour protéger, ce pays, vous êtes prête à tout."
Je levai ma tasse avant de boire une gorgée du liquide amer. Je soupirai une nouvelle fois.

Je finis ma tasse avant de me lever calmement. La conversation touchait à sa fin puisque j’avais tout dit ou presque.
"Je voulais votre avis sur les attentats de Central. Mais vous avez renforcé ma vision des choses : Drachma n’a pas attaqué Central. Je pense au contraire que l’ennemi était déjà dans nos murs et cherche à rouvrir des hostilités avec Drachma. En tout cas, faites attention à vous Générale. Mes hommages."
Je saluai ma supérieure avant de me diriger doucement vers l’extérieur du mess, j’avais d’autres choses à régler maintenant que cette entrevue était faite.

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