Si la veille Olivia s’était permise de passer la journée en tenue civile pour recevoir la famille Griffin, aujourd’hui elle prit le temps de s’affréter. La convocation lui était parvenu la veille. Elle était reçue par le généralissime dans la matinée. Qui dit un entretien avec la hiérarchie, dit tenue d’apparat. Il fallait donc prendre le temps d’accrocher correctement le peu de décoration qu’elle avait reçu sur la grande veste de cérémonie. En dehors de l’entretien annuel qu’elle supposait, elle s’attendait à recevoir une réprimande concernant les derniers examens. Et s’était arrangée pour envoyer un subalterne à sa place, rechignant elle-même à participer à ce genre d’évènement plus accès sur le m’as-tu vu. Femme des devants de ligne, elle était bien plus à l’aise sur le front à combattre qu’en tant que potiches aux côté des hautes autorités. Mais cela ne se dit pas au généralissime. Le général Olivia Mira Armstrong prit soin de discipliner sa chevelure avant d’ajuster son ceinturon en contrôlant que ces armes étaient bien à la bonne place.
Lorsqu’elle descendit de sa chambre, prête à se mettre en route pour le quartier général, elle fut désagréablement surprise de voir que son frère l’attendait pour partir. Le hasard faisant assez mal les chose, il a voulu qu’Alex soit affecté au quartier général. Olivia bouda une bonne partie du trajet alors que son frère, lui, semblait heureux. Il en profita pour parler de la dette que lui devait sa grande sœur en lui présentant la facture des chocolats offerts à Alistair. Olivia manqua de s’étouffer en regardant la somme. Mais son frère lui répondit simplement que rien n’était trop bon pour les hommes de sa sœur. Elle se jura de faire appel à quelqu’un d’autre la prochaine fois. Pour finir cette histoire, la bonde attrapa son portefeuille et remboursa son frère en lui donnant un billet légèrement supérieur à la somme indiquée.
- C’est pour le déplacement…
Justifia-t-elle avant qu’il ne proteste. Puis elle enchaina sur les derniers attentats. Non pas qu’elle ne faisait pas confiance à Alistair, mais elle aimait recouper les informations. La réponse d’Alex ne fut pas si surprenante, mais en disait assez long de la situation. Il avait répondu s’être cru retourné à Ishbal, en pire. Olivia savait que trop bien le traumatisme qu’avait vécu son frère là-bas. Ce n’est pas pour ce traumatisme qu’elle el jugeait mais pour ce qu’il n’avait pas fait. Lui qui s’était engager dans l’armée après elle lui avait certifié qu’il serait aussi fort qu’elle. Il est vrai qu’elle n’y était pas, qu’elle ne sait donc pas comment elle aurait réagi face à cette horreur. Mais une chose était certaine pour elle. Un militaire devait obéir aux ordres ou quitter l’armée. Bon nombre de soldats et d’alchimistes avaient désertés après la guerre d’Ishbal. Mais Alex n’en avait pas eu le courage. Il n’avait pas sur être un bon soldat, ni même aller au bout de ses convictions. C’est en ce sens qu’aux yeux de la bonde, l’alchimiste qui lui servait de frère n’était qu’un lâche. Perdue dans ses réflexions, elle ne réagit pas lorsque son frère la salua pour rejoindre son poste. Le général continua sa route, d’une démarche fière, en direction du bureau du généralissime.
On l’a fit patienter n instant avant de l’introduire dans le bureau de Bradley. Elle avait déjà dégainé son épée avant d’entrer dans le bureau. Elle put alors, dès que la porte se referma, assez rapidement, derrière elle, se mettre au garde à vous en tenant son épée devant elle, lame vers le haut. Un salut réglementaire. L’entretien allait commencer.
Nouvel entretien avec un Gouverneur Général. Celui avec Daneel s’était passé à la perfection, même mieux qu’il ne l’aurait cru. Il sondait le ciel de son seul œil valide depuis son bureau. Le temps était au beau fixe en ce moment. Il savait que l’entretien avec Olivia serait bien plus difficile. Cette femme ressemblait beaucoup à cette épine qu’il avait dans le pied : Percival Arthur Brewster. A l’époque de l’armée déjà, cet homme était dérangeant. Mais sa mutation dans l’ouest l’avait fait taire. Pour un temps. Puisque cet homme avait fini par revenir de manière fracassante. Sa fuite avait exaspéré Père et mis le pouvoir en place à mal. Même si son plan concernant l’examen avait fonctionné détournant l’attention, il devait faire quelque chose. Lui-même le savait. Mais la seule chose à faire était d’accélérer le Grand Plan. Pour cela il avait besoin de la coopération de cette femme.
L’heure approchait. Le Généralissime était assis à son bureau lorsqu’on y introduisit le Général de Brigade Armstrong. Bien plus fiable que son frère. Mais aussi bien moins malléable. Il allait devoir la jouer fine. Il la regarda se mettre au garde-à-vous de manière péremptoire. Son unique œil la scrutant froidement. Avant qu’un grand sourire amical se peigne sur son visage. "Voyons Général, pas la peine d’être aussi formel. Venez vous asseoir. Nous devons simplement discuter. Rien de désagréable rassurez-vous." Évidemment, les derniers évènements, notamment la présence des White Wolves plutôt que la sienne lors du Grand Examen, étaient problématique. Mais s’il voulait obtenir ce qu’il attendait d’elle, il devait la jouer fine. Il se leva même de son bureau, l’invitant à s’installer dans les canapés présents devant son bureau, où le reste de l’État-Major s’asseyait lorsqu’il faisait une réunion informelle. Chose que Bradley détestait, car il ne supportait l’hypocrisie crasse de ces hommes. Cependant, cela était nécessaire et les subissait plus qu’autre chose.
Une fois assis, son assistant personnel apporta du thé et des petits gateaux. Ce n’est qu’une fois que cet homme fut sorti que King Bradley commença réellement son petit jeu habituel. "Pour commencer faites-moi un rapport sur la situation dans le Nord."
A la première phrase du généralissime Olivia ne broncha pas. Bien que surprise par tant de familiarités, elle continua d’exécuter son salut. Abaissant sa lame sur le côté droit, pointe vers le bas, avant de la ranger dans son fourreau, sur le côté gauche de son ceinturon.
- C’est la moindre des choses que de vous témoigner tout mon respect, généralissime.
Dit-elle en inclinant légèrement la tête. Le général Armstrong était comme cela. Fidèle à l’institution qu’elle servait. Même si elle se méfiait de ce que pouvait lui apporter cet entretien, elle ne pouvait pas faire moins au niveau du respect qu’elle devait au chef du pays. Et quelque soient les mots de ce dernier, elle se tiendra à ses convictions. Droite dans sa manière de penser et d’exécution. Pour elle c’était le devoir d’un militaire, ni plus, ni moins. Et pour rien au monde elle n’y dérogerait.
La reine des glaces, sous l’invitation du généralissime, s’approcha du bureau et pris place dans un canapé en face du bureau de King Bradelay. Le visage de la bonde resta impassible. A priori, il ne voulait pas lui reprocher son dernier refus de se rendre à la capitale. Le refus qu’elle avait opposé pour les examens. Elle avait prétexté un manœuvre étrange du côté de Drachma pour envoyer une délégation pour la représenter. Moralité, elle avait loupé des évènements intéressants. Tant pis. Elle se rattrapera plus tard.
Il y avait donc une autre raison à la convocation. Le généralissime s’était même levé pour l’installer dans un des canapés. Elle avait droit à tant d’honneur ? Cela était suspect. Mais la femme ne laissa rien paraitre. Elle ne devait surtout pas montrer son étonnement. Rester de marbre, digne, comme à l’accoutumé. N’était-ce pas cette facette de sa personnalité qui lui avait valu, en partie, le surnom qu’elle affectionne ? Celui de reine des glaces ?
Elle attendait avec sévérité d’entendre la suite que cet homme, confortablement installer en face d’elle, avait à lui dire. Mais il ne prit la parole qu’une fois que le thé et les petits gâteaux furent servit. Observant le manège mis en place pour la recevoir, Olivia se mis de plus en plus sur ses gardes sans toutefois le montrer. Bien au contraire, elle simula la détente en s’adossant confortablement dans le canapé. On y était très bien installer d’ailleurs. Elle comprenait mieux pourquoi les membres de l’Etat-major refusaient de laisser leur place.
Olivia avait donc droit à tous les privilèges des membres de l’Etat-Major sans en faire partie. Si le généralissime voulait la jouer ainsi, elle jouera le jeu. Même si elle n’appréciait guère ce genre de simagrée, devant un supérieur, la blonde se prêtait toujours au jeu.
Le général Olivia Mira Armstrong, prit une gorgée de thé avant de poser la tasse sur le bureau avec toute l’élégance d’une femme du monde.
- Drachma se tient tranquille en ce moment. Les sentinelles se relaient nuit et jours pour observer leurs mouvements. Les rares affrontements que nous rencontrons actuellement se limitent à deux ou trois hommes perdus dans chaque camp. Drachma semble perdre de sa combativité.
Elle marqua une courte pause le temps de prendre une nouvelle gorgée de thé. Olivia reporta son regard, voilé par sa mèche blonde sur le généralissime, pour lui faire part de son avis. Elle savait cela un peu risqué. Cependant, qui d’autre qu’elle pouvait soumettre cette éventualité ?
- Il me semble que c’est le moment opportun pour signer un traité de paix avec Darchma.
Voilà. Le mot était lâché. « traité de paix ». Elle l’avait lâché comme un caillou dans la mare. Juste pour vérifier ce qu’elle pensait. Elle attendait, impassible, la réaction de cet homme robuste et imposant, l’observant au travers de ses yeux mi-clos.
Le généralissime regarda les simagrées rituelles de salutations et même en lui expliquant qu’être aussi formel n’était pas utile, Olivia Mira Armstrong voulait s’y tenir. Il se retint de souffler ou même de lui passer son épée en travers du corps. Il pourrait tellement faire cela. Il pourrait en une fraction de seconde ôter la tête de cette femme du reste de son corps. Mais il y avait un plan et il fallait s’y tenir. C’est aussi pour cela qu’elle était là aujourd’hui. Du coup, il laissa faire sans montrer le moindre signe d’agacement. C’était devenu une sorte de seconde nature, les faux-semblants. Il n’y avait qu’avec certaines personnes qu’il pouvait être l’homme en colère qu’il était réellement. Le reste du temps, il devait être agréable, faire son job.
La Général de Division s’assied dans le canapé et il la rejoignit alors que le service du thé se fit avec rapidité, fluidité et discrétion. Il sourit en lui demandant un rapport sur la situation. Mais le résultat n’était pas à la hauteur de ce qu’il attendait. Il n’était pas content. Mais soit, il pourrait arranger cela. Elle, la Reine de Glace proposa un traité de paix. La pire des idées. Ou la meilleure. Car en cas de traité de paix, la venue d’une délégation se ferait par Briggs. De fait, il pourrait tout orchestrer pour poursuivre le plan. Mais cela dépendait aussi de cette autre pièce du puzzle. Un plan germa dans son esprit alors qu’il écoutait la générale. Bon, il devait aussi parvenir à ses objectifs et l’un d’eux passait par la présence de la Générale. Il sourit en hochant la tête avant de répondre. "C’est une idée à étudier. Merci pour ces informations, Générale." Il en parlerait avec ceux qui connaissaient son plan : l’État-Major. Mais un plan germait doucement dans son esprit déjà. Ce plan lui permettrait d’arriver à atteindre l’ultime objectif qu’il avait.
Le moment était venu. Après avoir bu une ou deux gorgées de thé, il poursuivit sur un ton bien plus solennel. "A présent, entrons dans le vif du sujet. Je vous ai fait venir ici pour un autre sujet, quelque chose de plus important. Quelque chose dont dépend votre avenir et celui de notre pays." Bon, soyons honnête, ça ne changera pas l’avenir du pays. Mais ça changera sans aucun doute l’avenir immédiat de la Générale. Il espérait aussi qu’elle accepterait, car cela facilitera le reste du plan. De son œil valide, celui-ci se fit dur et froid. Sa question était on ne peut plus sérieuse. "Que diriez-vous de posséder une armée immortelle ?" De la réponse à cette question dépendait le reste de son avenir.
Olivia fut assez surprise de la réaction du généralissime. Qu’il accepte si facilement l’idée d’un traité de paix. C’était bien plus fort qu’un cessez le feu. Cela ne correspondait pas vraiment à ses déductions. Sceptique, elle attendait la suite. Elle se doutait bien que le généralissime ne l’avait pas fait venir pour un rapport qu’elle aurait pu lui communiquer par courrier. Bien que blonde, la dame de fer n’était pas idiote. Elle n’attendit pas longtemps avant que le généralissime n’introduise la raison qui avait valu à cette invitation. La femme repris sa tasse de thé dans les mains.
Un long préambule introductif et barbant. Le général Armstrong pris son mal en patience, mais elle ne put cacher sa curiosité. Ou plutôt, le borgne qui dirigeait le pays avait su suscité la curiosité de la femme. Son avenir, mais surtout, celui du pays était en jeu. En ce cas, cela nécessitait d’y prêter attention. Olivia était une femme abaisseuse, et fortement attachée à la sécurité du pays. Ambitieuse, car elle avait tout sacrifier pour sa carrière : sa féminité, sa vie de femme. Même si, effectivement, aucun des hommes qu’elle avait rencontrés jusque-là, n’avait su faire chavirer ce cœur de glace.
Olivia qui s’apprêtait à boire une nouvelle gorgée de thé, décida de poser à nouveau sa tasse avant que l’homme en face d’elle ne continue de parler. Elle craignait de perdre le contrôle de ses réactions dans le cas où la nouvelle serait… incroyable. Si l’on pouvait utiliser ce terme. La blonde ne fut pas déçue, a peine surprise de la nouvelle. Elle avait évoqué le sujet, brièvement, à demi-mots, avec son homologue du sud, quelques minutes auparavant. Elle comprenait à présent ce qu’il entendait par « plus proche qu’on ne le pense ». C’en était flippant. Toutefois, le général Armstrong resta impassible. Elle ne montra pas son étonnement. Elle afficha même un sourire au généralissime avant de récupérer sa tasse et d’en boire une gorgée. Cela lui permis de prendre le temps de réfléchir à sa réponse.
La reine des glaces ne pouvait pas refuser cette proposition. Cela lui couterait la vie, à elle, et sa famille. Certainement qu’elle entrainerait d’autres personnes dans sa mort. Elle ne pouvait pas agir à la légère. Elle devait jouer le jeu, ne serait-ce que pour découvrir le fond du problème.
- Ce serait très avantageux, en effet… On pourrait combattre sans risquer de perdre nos plus valeureux hommes…
La blonde fit mine de réfléchir aux avantages d’une telle armée avec un grand intérêt non dissimulé. Il y avait toutefois un détail qui lui échappait. Le Général Hawat lui avait parlé d’une poigné d’immortels… Trois ou quatre tout au plus avait-il dit… Pas d’une armée entière. Le problème était donc bien plus grave qu’elle ne le pensait. Mais pour l’heure, il fallait rentrer dans le jeu.
- Comment comptez-vous créer cette prestigieuse armée ? qu’attendez-vous de moi dans cette entreprise ?
Olivia lui adressa son plus beau sourire, Jouant à la perfection le jeu des faux-semblants. Le jeu de l’officier qui suivrait son supérieur jusqu’en enfer s’il le fallait. N’était-ce d’ailleurs pas là qu’il voulait la conduire ? Et puis, si elle voulait avoir l’autorisation d’emmener une civile à Briggs, il fallait qu’elle le mette de bonne humeur. Autant faire une pierre deux coups. Obtenir satisfaction et de plus amples informations tout en mettant le généralissime dans ses bonnes grâces. .
Les faux semblants, le Généralissime aussi savait parfaitement y faire. La preuve, il dupait le pays depuis bien des années déjà.. Et le peuple l'acclamait pour ça. De son œil unique, il étudiait le visage de son homologue qui prenait une nouvelle gorgée de son thé. Les humains et leur petites traditions pour tout simplement parler affaire au lieu d'aller dans le vive du sujet. A moins que ce ne soit destiné à ne pas s'effrayer les uns des autres. Une pensée aussi fugace qu'inutile dans ce bureau. Le Généralissime avait usé d'un ton parfaitement solennel sous cet œil dure et froid. Car c'était en tant que chef de guerre qu'il parlait et non en simple bon père du peuple. La réponse qui suivie fut des plus logiques quand on connaissait les valeur du Général Armstrong. Il n'en avait pas douté une seconde en vérité. Bien...
Pourtant, il ne dit mot sur le moment la laissant poursuivre dans sa rationalité. En fin de compte elle le questionna directement sur le processus pour posséder une telle armée et ce qu'il attendait d'elle. Peut être de participer tout simplement à ce grand projet.
"En réunissant les hommes les plus fidèles à mon cercle. Qui pourront à leur tour parfaitement diriger cette armée à travers ma personne."
Évidemment, il pourrait lui montrer ce qu'il serait capable de faire, mais se serait abattre ces cartes bien trop tôt.
"Accepteriez vous d'être mon fer de lance envers Drachma si une guerre venait à se faire ouvertement et pour ce faire, être officiellement dans mon État Major ?"
Si elle refusait, il la renverrait dans son ignorance, et ne se privera pas d'y envoyer un élément des plus perturbateurs afin de parfaire son plan. Ce dernier ne devait pas être entravé. Une fois de plus, notre homme porta son regard sombre et particulier envers cette jeune femme si froide et fière, avant de reprendre sur un ton aussi énigmatique que solennel :
"Que savez vous... Des Homoculus Général Armstrong.. ?"
- Ce serait pour moi le plus grand des honneurs, mon général.
Si à la première question du généralissime, le général Armstrong répondit favorablement sans aucune hésitation, la seconde demandait une certaine réflexion. Pour se donner ce temps, la blonde pris une autre gorgée de thé. Elle exécuta le geste avec grâce. Ce qui contrastait beaucoup avec son franc parlé donc elle faisait preuve malgré les apparences. On pouvait physiquement jouer la comédie, mais rester le plus naturel dans sa manière de parler. Olivia avait toujours parlé sans détour. Et ce n’était pas aujourd’hui qu’elle changerait son attitude.
Mais que savait-elle des homoculus ? A proprement parlé, pas grand-chose. Qu’ils étaient le fruits d’une expérience alchimique, immortels. C’était à peu près tout. Mais surtout… Devait-elle dire qu’elle avait connaissance de leur existence ? L’avoué ne serait-ce pas mettre le major Van Helsing en danger ? Ainsi que l’ami alchimiste du major ? Bien que le sort d’un alchimiste lui importe peu, la vie de son major lui était précieuse. Il était donc hors de question qu’elle dévoile le peu d’information qu’elle détenait.
Il lui faudrait à présent la jouer fine. Le manque de réaction à cette question posée de manière étrange n’allait pas échapper à cet homme, qui, bien que borgne, observait la moindre de ses réactions. Le général Armstrong posa sa tasse et regarda le généralissime avec curiosité.
- J’ignore de quoi vous me parlez. Est-ce une nouvelle arme ?
Bien évidemment, qui connaissait un minimum la reine de glaces, savait qu’elle ne jurait que par les armes. Si encore ces armes n’avaient pas été le fruit de l’alchimie, les yeux bleus azur de la femme auraient étincelée de désirs. Mais sachant l’origine de ces « armes », Elle ne pouvait que feindre l’intéressement, masquant le dégout profond qu’elle ressentait. Un dégout bien supérieur à celui qu’elle avait pour le flame alchimist.
La situation prenait une tournure plus intéressante, que tout ce petit manège qui se jouait ici depuis le début de la conversation. La question, vu de l'extérieur, donnait simplement l'idée d'une promotion des plus alléchante et une grande nouvelle, mais en vérité, c'était aussi féroce qu'un couperet au niveau de votre nuque. Cependant, cette femme venait de prendre sa décision d'une parole clair et spontanée. Ce qui en disait long sur son engagement. Les humains avaient toujours cette tendance à donner trop de foi à leur honneur. Bien que le Généralissme devait reconnaître que si d'un côté c'était très ennuyeux et prévisible, c'était aussi très appréciable. Gardant son aspect solennel, le visage de Bradley se fit pourtant plus grave et l'oeil braqué sur le visage du Général Armstrong qui venait d'accepter officiellement d'entrer dans son Etat Major.
"Alors il en sera ainsi et je compte sur votre force de frappe pour tenir l'adversaire hors des murs de Briggs. Il est évident qu'un conflit se prépare, quoi que la situation soit des plus flous, d'après les rapports. Nous avons déjà perdu un bon capitaine.
Mais là encore, dans l'esprit du dirigeant, il n'en avait absolument rien à faire du Capitaine Sheridan. Au moins l'Alchimiste d'Etat était encore en vie, et cela donnait un sacrifice potentiel de plus, encore dans la musette. Relevant un main, il releva dès lors le bandeau qui se tenait au niveau de son œil, dévoilant alors une sorte de symbole à la place de la pupille.
"Une arme qui pourrait en effet vous détruire sur place malgré votre force légendaire Général et si vous me trahissez."
Le climat de la pièce devint assez sombre et plus ou moins écrasante, jusqu'à ce qu'enfin tout semble revenir progressivement à la normal, et que le Généralissime ne remette son bandeau en place. Mais pas une seule fois il n'avait abandonné son attention sur la jeune femme. Si elle voulait sortir vivante de cette pièce, Olivia devait simplement lui rester fidèle. Une idée simple.. Se raclant la gorge, il poursuivit néanmoins, sur un ton moins grave :
"Avez vous quelque chose à ajouter ?"
Une demande, ou un précision... Ce sera sans doute le seul moment qu'il lui accordera pour un tel geste, après cela, il lui demandera de prendre congé. Sa tasse de thé résidait devant lui, à demi vide, refroidissant sous le désintérêt totale de cet homme dont le faux semblant paraissait refaire surface.
Depuis la question du généralissime sur les homonculus, la bonde s’était attendu à tout et n’importe quoi. Elle s’était surtout préparer à garder son calme et son air impassible quoi qu’il arrive. La nouvelle était plus choquante que ce qu’elle avait imaginée. Et bien qu’elle s’y soit préparée, elle ne put s’empêcher d’être surprise. Elle parvint tout de même, dans un effort colossal à garder un air impassible tout en déglutissant. La situation était bien pire que ce qu’elle avait compris quelques minutes plus tôt. Gardant ses yeux mi-clos pour regarder le manège du généralissime.
La blonde releva un sourcil qui marquait sa surprise. Mais elle ne se laissa pas impressionnée. Du moins ne le montra pas. L’expression de son visage semblait dire : « Et bien quoi ? vous voulez m’impressionner alors que je viens de vous jurer fidélité ? »
- Comme si j’avais l’intention de vous trahir… Je ne reviens jamais sur une parole donnée.
Répondit-elle d’une voix calme et froide, une fois que le généralissime remis son bandeau. Elle était réputée pour être une femme de parole, droite, et fière. Extrêmes attachée à son honneur. Elle espérait que sa réputation suffirait à convaincre cette chose qui se tenait devant elle, qu’elle lui resterait fidèle. Même si dans les faits, elle lui tournera bien le dos au moment le plus opportun. Mais s’attaquer seule de front cet homme serait du suicide. Un suicide bien inutile.
Olivia fronça les sourcils, elle n’aimait pas être dans une telle situation, privée de son libre arbitre. Mais qu’à cela ne tienne. Elle s’en contentera. Elle repris un visage neutre et confiant, adressant un sourire entendu à la créature qui lui inspirait le plus grand des dégoût. Sans montrer ce dégoût, évidemment.
Mais le généralissime ne lui laissa pas le loisir de se questionner sur la situation. Il lui offrait l’occasion de demander ce qu’elle voulait. Reprenant son calme légendaire, intérieurement on l’entend, elle se redressa sur son siège.
- J’ai une faveur à vous demander. Celle d’engager une civile à la forteresse. Les horloges ont besoin d’un entretien régulier, et seul un artisan digne de ce nom pourrait mener à bien cette mission. Mon choix s’est porté sur la cadette de la famille Griffin. Elle est extrêmement compétente, et libre de tout engagement.
A ce stade de la conversation, Olivia était quasiment certaine d’obtenir ce qu’elle voulait. Toutefois, elle restait sur ses gardes tout en paraissant le plus détendue possible. Ce qui était une chose assez aisée pour elle. Le général Armstrong n’avait de cesse d’avoir ce comportement pour ne pas faire paniquer les hommes qui rejoignaient ses rangs.
Terminant sa tasse de thé avec un soin particulier, il attendait la réaction du Général Armstrong. Dans sa gestuel, il était clair qu'il réagirait au quart de tout, si du moins elle était trop sotte pour réagir de la sorte. Mais le Généralissime ne tablait pas là dessus. Et sa rationalité lui donna raison, car la blonde vint à lui confirmer qu'elle n'avait aucunement l'intention de le trahir et qu'elle ne revenait jamais sur sa parole. Les humains et leur honneur.. Parfois cela avait son utilité. Un sourire de convenant marqua son visage, soulignant sa moustache, avant de disparaître totalement. Il était fort aise de l'entendre ainsi. C'est pourquoi il ne fit qu'incliner un peu son menton. Par la suite, Bradley attendait simplement qu'elle manifeste une quelconque demande, ça leur donnait un peu d'importance, alors qu'il n'en avait que faire. Là encore, cette femme ne manqua pas d'efficacité en ne le faisant pas attendre plus que de raison. Cependant, sa demande n'avait rien à voir avec ce que l'homoculus aurait pu penser.
En effet, le Général Armstrong désirait embarquer avec elle, une jeune civile dans les bagages. Griffin.. Cette maison ne lui était pas du tout inconnu, ne serait-ce que parce que l'horloge de son propre bureau portait ce nom. Mais pas uniquement.. Son regard se plissa légèrement, sans rien réellement révéler, alors qu'un sourire en coin vint à s'afficher à ses lèvres.
«Bien si c'est là votre demande, je vous l'accorde. Mais il vous faudra convaincre aussi sa famille. Je ne tiens pas à voir une famille importante de Central envahir mes bureaux de plaintes diverses.»
Il avait bien d'autre chose à faire que de s'occuper de ça. La conversation touchait pleinement à sa fin, et le Généralissime n'allait pas la tenir ici plus longtemps que nécessaire. C'est pourquoi il l'invita à rompre les rangs, face à cet accord. Le Général recevra sans nul doute une convocation pour se présenter officiellement à l'état Major, comme l'avait fait avant elle, il y a quelques mois déjà, le Général Hawat. Tout se déroulait parfaitement.. selon le plan. La porte s'ouvrit dans le fond du bureau, autorisant la blonde à quitter définitivement les lieux.
Le général Armstrong hocha la tête avant d’ajouter.
- L’affaire est déjà réglée avec la famille. Nous n’attendions plus que votre accord. Je vous remercie au nom de cette demoiselle d’accepter qu’elle fasse ses preuves.
Puis, sous l’invitation du généralissime, la reine de glaces se leva. Salua brièvement, mais dans le respect militaire dû à son rang et sortie du bureau dignement d’un pas assuré. Lorsqu’elle entendit la porte se refermer derrière elle, la blonde accéléra le pas pour se réfugier dans un bureau vide. Juste le temps de reprendre ses esprits. La douleur qu’elle ressentait en plus du fait qu’elle venait de jouer une comédie au péril de sa vie l’avait exténuée.
Elle venait d’obtenir une place au sein de l’Etat-major. C’était ce qu’elle avait désiré. Seulement, il y avait une contrainte majeure à cela. Elle ne pourrait plus échapper aux aller-retour à central. Elle emmènerait la jeune Griffin à chacun de ses déplacements afin qu’elle voit sa famille aussi souvent que possible. Il fallait donc voir cette contrainte comme un mal pour un bien. Au moins, l’une des deux serait heureuse de rentrer régulièrement.
Après avoir récupérer un peu, Olivia passa extorquer les clefs de voiture de son frère. Faisant une première halte à la gare pour prendre des billets de train pour le soir même, elle s’arrêta par la suite chez les Griffin, donnant l’heure de départ. Le général Armstrong ne voulait pas trainer. Ses hommes l’attendaient. Elle revint au quartier général télégraphier des instructions pour Briggs. Notamment concernant l’arrivée d’une civile dans leurs murs.
Enfin, elle jeta les clés de voiture à son frère en lui intimant l’ordre d’être prêt pour 17h, avant de se diriger au stand de tir. Elle avait un besoin fou de se défouler. Evacuer toute cette tension, et surtout digérer ces informations. En tirant sur ses cibles, elle s’imaginait tirer en plein dans l’œil du généralissime. Cet œil arborant le symbole de l’ouroboros. Elle tirait avec hargne, cherchant à expulser toute cette haine et se dégout qu’elle avait. Il lui fallait du temps pour découvrir ce que Bradley avait derrière la tête. Mais elle le découvrira.
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