Profitant de quelques heures de répit, Corwin s'était éclipsé de son poste et sa paperasse, pour rejoindre l’hôpital militaire. C'était quelques jours après son entretient avec le Général de la Police militaire en compagnie du Fullmetal mais aussi la veille de sa confrontation avec son paternel. La nuit n'avait pas été des plus courtes pour le Frozen qui avait passé le plus clair de son temps à se retourner dans son lit, en se repassant la soirée dans son esprit en ébullition. Pour une fois cette insomnie ne portait pas la croix de ses culpabilités, mais plutôt une forme de baume qui soulageait une vieille colère...S'en était perturbant. Gardant tout ceci pour lui, Corwin avait salué le fait de travailler le lendemain, afin de concentrer son intellect sur autre chose. S'accordant donc cette pause, le jeune Lieutenant-Colonel vida son énième café qui résidait sur son bureau, avant de fermer le dossier qu'il détenait, de sa main gauche.  Il s'étira un peu sur sa chaise à l'abri des regards et reconnu qu'un peu de sommeil aurait été salutaire. Qu'importe, l'alchimiste avait appris qu' Alistair avait enfin droit à certaine visite et il serait normal qu'il aille le voir. Mais il y avait aussi en cela une manœuvre. En effet, Corwin désirait apprendre de sa bouche ce qu'il s'était passé exactement de son côté.  Quittant définitivement ses locaux, le jeune homme bouda clairement l'heure du repas au mess des officiers pour se rendre à l'hôpital.

Cette petite marche eut le don de chasser plus ou moins la fatigue qui résidait dans ses muscles, alors que des petites cernes noires trahissaient aisément son manque flagrant de sommeil. Mais ce n'est pas comme s'il n'en avait pas l'habitude. Il serait une erreur que de penser qu'il manquerait à ses devoirs rien que pour ce genre de détail. La main droite plongée dans la poche de son pantalon, le képi sur la tête,  Corwin marchait d'un pas vif vers l'entrée du bâtiment, non sans se rappeler qu'il y a quelques mois encore, il avait lui même franchit ces portes, suite à sa blessure à la cuisse.  Peut-être qu'il croisera cette femme.. Le Docteur Fletcher. Le monde était assez petit pour lui faire ce genre de tour. Cependant, il en fut tout autre, alors que le Lieutenant-Colonel se  figea devant l'accueil pour demander le numéro de la chambre du Major Van Helsing. Diantre.. lui aussi prenait un peu de grade. Cela le fit secrètement sourire. Dire qu'à l'époque où ils se sont connu, lui-même n'était qu'un soldat. Fronçant légèrement des sourcils, Corwin se reprit mentalement avant de prendre la direction des escaliers qui menèrent aux étages...

Longeant les couloirs, ses pupilles anthracites notèrent progressivement chaque numéro qui se trouvait sur les portes, avant de trouver celui qui l'intéressait. S'arrêtant devant d'un pas parfaitement mesuré, il frappa à la porte avant d'attendre quelques secondes avant d'entrer dans la pièce. Tout en retirant son couvre chef, qui révélait un peu mieux son visage si impassible malgré cette fine cicatrice qui barrait ses traits, Corwin  usa de sa voix monocorde envers son compagnon d'arme qui ne payait pas de mine au fond de son lit.

➽ Salutations, tu as une mine affreuse...

Sacré entré en matière de la part de Corwin, mais a vrai dire, il n'avait jamais été tellement doué pour ce genre de visite, et ce même quand il apprenait l'étiquette dans sa jeunesse. Le Frozen avait un côté plutôt directe et maladroit quand il s'agissait d'amis ou de proche. Son regard  contemplait Alistair, notant son teint plutôt pâle et sa blessure qu'il devinait derrière les bandages.  Être ici n'avait rien d'agréable, ça, il pouvait le lui accorder, mais ce semblant d'abandon,  c'est ce que Corwin n'aimait pas lire en lui, tandis qu'il gardait un profond silence en se tenant à quelques pas seulement du lit.

S'approchant d'Alistair, les mains dans les poches, Corwin eut un petit mouvement du visage un peu amusé si l'on peut dire par la boutade. C'est vrai que les rôles avaient été retourné pour l'occasion. Son regard anthracite se tourna sur la table de chevet où se tenait l'arme fétiche de son ami. Notre Alchimiste d’État n'avait jamais apprécier les armes à feu, mais il redevait reconnaître que cette arme avait quand même son charme.. Bien que là, elle offrait un bien triste spectacle. Dans le fond, il comprenait ce qui devait travailler Alistair, il allait évidemment la réparer et sans aucun doute l'améliorer encore. Corwin était un peu comme cela lui aussi, mais dans d'autres domaines. Relevant un peu son visage envers son compagnon d'arme du passé, le Frozen l'écouta lui demandé si c'était toujours le chantier dans la capitale.. A qui le disait-il. Tournant ses pupilles sur les chocolat dans la direction que lui indiquait Alistair, il remarqua en effet les chocolat, et pas des moindre au vu du petit ballotin.

➽ Merci... Tu as des amis haut placé on dirait.

Le ton semblait atone comme toujours, mais c'était quand même une petite pointe d'humour de sa part, alors qu'il accepta un chocolat, prenant au hasard. Depuis combien de temps n'avait il pas goûté quelque chose d'aussi sucré que ce petit plaisir ? Un sacré bout de temps en fait, s'il omettait sa sortie mondaine de la veille. C'était délicieux et  fondant à la fois... Se léchant le bout de son doigt encore chocolaté, Corwin attrapa une chaise pour s'y asseoir et croisa les bras sur son torse. Visiblement il avait de quoi raconter dans un premier temps, avant de lui demandé la même chose le concernant..

➽ Le pays entier est en alerte, mais rien n'est réellement prononcé. Je ne serais pas étonné que l'on me demande bientôt de bouger pour ma part..   

Il prit une courte pause avant d'enchaîner sur ce qu'il avait vécu lui-même. Les explosions qui avaient tué plus de huit cent civils sur le coup. Les trois manipulateurs d'alchimie aux allures de mercenaires, ainsi que les hommes de Drachma qui les accompagnaient. Ces derniers avaient été vite mis hors d'état de nuir.. Mais les trois autres ce fut une autre pair de manche. Heureusement qu'ils étaient trois Alchimistes d'Etats dans l'arène à ce moment précis. Corwin n'avait pas souffert de blessures importante c'est vrai. Simplement de quelques brûlures dans le dos qui s'estomperait avec le temps. Bien trop de morts et bien trop de questions sans réponse.  

➽ Des mercenaires... pour déclarer une guerre.. il y a bien plus officiel.. Mais toi... cela avait l'air bien différent, je me trompe ? 

Son regard se fit plus appuyé en contemplant le visage du chasseur. Ce dernier n'était pas le dernier des combattants, alors cela voulait dire que l'adversaire avait plus que du répondant.. Peut être même du même gabarit que celui qui avait affronter Mustang et … le Général Hawat. Si Corwin devait lui et son équipe se rendre de l'autre côté de la frontière, autant que ce soit en reconnaissant un minimum le piège que l'on tendait à tout le monde. Cette déclaration de guerre avait un sens obscure. Tout en attendant la moindre réaction de son ami, le Frozen avait encore le goût du chocolat dans la bouche.  

Croisant les bras sur son torse écoutait son camarade, tout en restant assez grave. Il savait qu'il ne pouvait pas tout lui révéler de son côté, mais néanmoins ce que lui confiait Alistair venait à appuyer les propos de Roy. Ce dernier lui avait rapporté son combat en compagnie du Général Hawat, et les soupçons qui se profilaient. Cette journée d'examen n'aurait jamais dû être plus qu'une façon pompeuse de démontrer la force de leur armée.. Au lieu de cela, elle fut marqué par des morts et des monstres..Toujours silencieux,  Corwin se contenta de se masser le menton, alors que l'on passait au sujet de cette femme qui avait empaler son ami et compagnon d'arme. Puis d'un homme capable d'avaler littéralement des gens.. Des créature humanoïdes capables de se régénérer. Ce qui ne manqua pas de rappeler au Frozen cette conversation des plus officieuse concernant Greed, quand il était encore en compagnie du Fullmetal.  Ce n'est que lorsqu'il entendit les noms « Lust » et « Glutonny », que son intellect connecta les pièces manquantes qui venaient de se rajouter.. Des Homoculus..Ces êtres portant les noms des sept péchés capitaux. Son regard anthracite se fit curieusement animé pendant quelques secondes avant de devenir insondable à nouveau.

En son intellect, le jeune Lieutenant-Colonel n'avait aucune envie de voir Alistair avoir des problèmes. C'est pourquoi il prit la décision de ne pas lui donner toutes les informations qu'il détenait de son côté. Le Frozen avait pleinement conscience qu'il marchait de plus en plus sur des œufs, ce qui ne manqua pas de lui rappeler la pierre qu'il cachait depuis des mois dans sa montre, sans avoir encore pu trouver un moyen de la détruire.  Décroisant les bras, Corwin plongea ses mains dans l'intérieur de ses poches, penchant un peu son visage, ce qui accentua un peu son expression grave, avec sa cicatrice. S'approchant un peu de son ami, il murmura plus qu'il ne parla réellement :

➽Tu as eu affaire à des Homoculus.. Un être né d’une expérience alchimique.  Ils sont au nombre de 7, comme tu as pu le comprendre par l'origine de leur nom.

Restant à côté de lui, il releva son visage pour révéler une expression juvénile certes, mais presque polaire, comme s'il voulait réellement qu'il l'écoute et ne fasse rien à l'encontre de ça. Sa voix se fit toujours aussi basse, mais bien plus ferme, rompant avec le côté un peu trop confident.

➽ Tu devrais faire attention à ne pas en parler trop ouvertement. Tout cela ne me dit rien qui vaille et à Central les choses peuvent aller très vite. Il vaut mieux en parler avec parcimonie, tant que cette histoire n'est pas plus clair.  J'ai pas envie d'enterrer un camarade de combat.  

Les murs avaient des oreilles et vu les événements actu elles, il fallait faire très attention à ce que l'on pouvait écrire en terme de rapport, et les propos que l'on pourrait avoir en dehors. Malheureusement Alistair avait été plongé la dedans malgré lui. Si Corwin pouvait protéger un minimum ,  il ne se privera pas. Surtout que cet homme allait bientôt rentrer dans le nord, face à Drachma, qui n'allait certainement pas resté inactive après tout cela. Se reculant de quelques pas et reprenant un air bien plus tranquille sous ce regard d'acier, il laissa encore entendre.

➽ Il est fort probable que l'on se recroise d'ici quelques temps. En tant que chef de la section 9, je serais amené à aller au delà de nos frontières.   

Se tenant toujours assez près d'Alistair, notre Lieutenant-Colonel se montra à nouveau silencieux, laissant simplement son camarade enregistrer les divers informations. Apparemment, il avait déjà prit des actes de prudences pour ne pas être trop exposé. Un choix judicieux et Corwin préférait cela que de devoir rattraper le coup.Cependant quand le Major en vint à désirer soumettre tout cela à sa supérieur directe, le Général Armstrong, il espérait qu'il savait ce qu'il faisait. Le Frozen ne connaissait cette femme que de réputation. Dans le genre droite et gérant ses équipes d'une poigne de fer. Cependant, notre jeune homme n'était pas aller plus loin dans son jugement, car, comme à son habitude, il préférait voir les gens en face pour se faire. Tout comme il l'avait déjà fait envers le Général Mustang, à l'époque où Corwin était entrer dans son équipe, il y a de cela quatre ans désormais. Inspirant profondément et discrètement, le frozen serra sa casquette dans sa main en approuvant en silence les premières paroles de son camarade et ami.  Dans d'autre circonstance, il aurait sourit en l'entendant parler de cette piètre mise sous surveillance, mais les événements étaient bien trop grave. Plus de neuf cent personnes avaient trouvé la mort et sa famille aurait pu en faire partie.  

➽ Au moins tu leur fais faire de l'exercice.

Petite pointe d'ironie dans ce ton résolument atone d'ordinaire, bien que cela restait sur le ton de la conversation. Glissant un bref regard vers l'extérieur, par le biais de la fenêtre, il crut noté un mouvement dans les bâtiments d'en face...Alistair avait vu juste. Mais revenant au sujet qui venait d^'etre mit sur la table, Corwin se montra un peu plus curieux.

➽ Je ne compte pas la surprendre par ma venu. Le Général Klemin s'est chargé de le faire, afin de facilité l'efficacité de la mission à venir. Je n'aurais pas beaucoup de temps pour agir.  Qu'elle me déteste ou pas, cela ne doit pas m’empêcher de faire ce que je dois. Je pense qu'elle le comprendra. De plus je ne serais pas seul. 

Le Lieutenant-Colonel était du genre à ne pas se laisser faire par un rempart, il l'avait déjà démontrer plusieurs fois au fil de son existence, même s'il avait évidemment ses propres failles. Gardant son képi sous le bras, la main droite plongée dans sa poche, il s'amusa à reconnaître les contours de sa montre qui ne le quittait jamais. L'endroit avait au moins le mérité de laisser le Capitaine se remettre de ses blessures et quelque chose lui disait qu'il ne devait par se plaindre de la gente féminines qui se trouvaient ici. D'ailleurs cela lui rappelait qu'il n'avait pas revu le Docteur Fletcher, ne serait- ce que pour savoir si la réparation de sa montre lui avait convenu.. Mais aussi pour une raison bien moins personnel. En effet, il pensait lui demandé de le suivre dans sa mission de sauvetage. Un médecin sera un atout précieux.

➽ Boire un verre en de meilleur circonstance ne sera certainement pas de refus pour la prochaine fois. 

Reprit il en rompant avec ses pensées bien plus terre à terre. Mais c'était sa façon à lui de ramener un ton plus détendu et surtout pour éviter de faire trop d'effort concernant le fait de ne pas dévoiler leur véritable pensées sur des sujets trop épineux.

Se tenant à ses côtés, Corwin se contentait de parler normalement, sans se montrer véritablement à la fenêtre. Ainsi, on ne pouvait guère lire sur ses lèvres. Cependant la réflexion de son ancien camarade le fit un peu réfléchir. Il ne s'était encore jamais confronté au Général Armstrong et visiblement elle n'avait rien à voir avec son frère cadet. Cependant, le Frozen devra sûrement rejoindre sa forteresse à un moment donné et il fera son possible pour que tout cela se passe de manière positive.  Plongeant une main dans la poche de son pantalon, il reconnu doucement les contours du dragon qui ornait sa montre en argent, tandis que son esprit se focalisait sur les derniers événements. Peut être que c'était le signal pour qu'il tente un premier pas envers son père ?..Ce soir, il y avait une soirée organisée pour soutenir les familles touchées par ces drames, sa famille sera forcement présente et Corwin savait déjà comment il allait devoir se vêtir pour l'occasion. Un moment difficile en perspective, mais il allait le faire pour de bon. Il en avait assez de fuir et il n'avait pas envie que Roy est fait tout cela pour rien envers lui. Inspirant profondément, le Frozen finit par se reculer, tout en écoutant les paroles d'Alistair. Cela eut le don de le sortir de ses pensées trop profondes et se contenta de hocher de la tête.

➽ On va tenter de faire cela sans drame . Ce serait une bonne chose.

Et peut-être que ce sera sous un meilleur jour que celui ci. Mais vu les événements, tout semblaient indiquer qu'ils allaient droit vers des conflits de plus en plus complexe à gérer. Ce qui ne manquait pas de lui faire comprendre qu'il allait avoir un sacré travail à fournir en tant que chef de l'unité Caméléon. Un poids qui ne le gênait pas car il avait soif de faire en sorte que les choses bougent. Quand à la dernière réflexion d'Alistair, son visage se fit un peu plus grave :

➽ Je te garantis que je ferais ce que je peux de mon côté pour ne pas faire sombrer ce pays.  

Corwin partageait néanmoins ce sentiment, que l'on orchestrait quelque chose de bien plus néfaste dans l'ombre. Ils avaient des pistes et pas mal de pièces du puzzle mais ce n'était pas suffisant.  Ils allaient devoir faire encore des efforts. C'est alors que l'infirmière vint annoncer la fin de la visite et le Frozen  le comprenait fort bien. C'est pourquoi il n'insista pas et remit son képi sur le crâne. Se détournant pour partir, il leva la main pour le saluer une dernière fois.  

➽ Tâche de vite récupérer, Briggs va avoir besoin de toi. 

Parce qu'Alistair était un très bon élément et en ce moment plus que jamais, ce genre de personne était primordial pour que ce monde ne sombre pas justement. Corwin disparut dans les couloirs, rejoignant l'extérieur, afin de prendre le chemin qui menait directement au QG. Il avait encore pas mal de document à soulever pour validé les hommes qui aspiraient à entrer dans la Section 9.