La nuit tombait lentement sur la ville, alors que les nuages sombres s'accumulaient progressivement comme pour  cacher les derniers rayons du soleil mourant. L'air était humide et ne trompait guère à qui voulait bien y prêter attention,  sur ce qui allait suivre dans quelques minutes. Les voitures arrivaient à la suite dans ce quartier des plus riches de Central, s'arrêtant devant une demeure toute en lumière avant de repartir un peu plus loin, laissant là des convives aux allures de la haute société gravir les marches afin de franchir une porte en fer forgée qui rappelait aisément l'art nouveau. Sous les feux des lampadaires, Corwin se tenait immobile à environs cinquante mètres de là. Il avait délaissé son uniforme pour une tenue de soirée simple, mais d'une très bonne facture. Autant dire qu'il ne le portait que rarement, mais cela rappelait assez ses origines. Un long manteau sombre et parfaitement brossé recouvrait son costume trois pièce, tandis que sa montre en argent restait caché dans sa poche de pantalon. Le Frozen n'était pas ici en tant qu'alchimiste d'état, alors il était bien inutile de l'exposer en la fixant à son veston. Cependant, il avait prit soin de mettre ses boutons de manchette où les initial de sa propre famille y paraissaient gravées.  Cela faisait déjà cinq bonnes minutes que le jeune homme restait planté là, à l'insu de tout ces gens qu'il pouvait entendre rire parfois, avant de s'engager dans la demeure.

En son cœur, il n'éprouvait aucune liesse de ce genre, tout comme cette ville qui pleurait encore les presque mille personnes qui avaient trouvé la mort, il y a quelques jours de cela à présent. Corwin lui-même portait des traces de son combat, notamment en son dos qui lui était encore douloureux. Inspirant lentement et profondément cet air humide, le Frozen ne perdait pas de vu la raison qui l'avait poussé à venir ici, aussi  élégamment vêtu. Derrières ces murs se trouvait l'homme envers qui il désirait une confrontation. Quant bien même cette sourde appréhension voulait ébranler sa résolution. Son père, Leto Griffin était ici afin de soutenir une récolte de fond, afin d'aidé les familles qui ont été touché par ces attentats. Évidemment ce genre d’événement attirait beaucoup de hauts bourgeois qui démontreraient des larmes de crocodile pour se montrer des plus compatissants, alors qu'en vérité ce n'est que pour nourrir une image des plus hypocrites et avantageuse. Un jeu qui ne semblait pas être dans les gênes de la maison Griffin, mais cette dernière savait quand elle se devait d'être présente et quand elle devait rester silencieuse. Pour beaucoup ce n'était qu'une simple maison qui possédait quelques biens, mais pour les familles plus anciennes, elle restait populaire et respecté, appréciant sa discrétion et ses positions franches.

Plongeant sa main dans la poche, Corwin qui avait les cheveux gominés en arrière, attrapa sa montre pour regarder l'heure à l'aide de la lueur du réverbère. Vingt heure approchait. Inspirant une dernière fois l'air ambiant, le jeune homme s'avançait enfin vers cette demeure bien trop animée et se présenta à l'entrée tout en montrant ce qu'il tenait toujours dans sa main. On lui laissa le passage en lui souhaitant une bonne soirée.  Ironiquement, le Frozen ne semblait pas certain sur ce dernier point, mais il tâchait de rester optimiste. Depuis trop longtemps il avait esquivé ce genre de moment. C'est pourquoi il se tenait ici présentement. C'était un territoire neutre. On le débarrassa de son manteau, une fois le seuil passé, alors qu'il se contentait de remercier d'un simplement hochement de tête. S'avançant dans ce couloir, les odeurs subtiles de parfums et d'eau de Cologne vinrent à se faire reconnaître à son odorat, tandis que ses yeux anthracites s'attardèrent sur la richesse des lieux. Lorsque la porte d'en face s'ouvrit, Corwin se retrouva définitivement noyé dans un amas de rire et de discutions, alors que personne ne prêtait attention à son arrivé. De sa vue périphérique il vit s'approcher un serviteur avec un plateau de verres remplie de champagne. D'une main habile il en attrapa un et le vida limite d'une traite, avant de le reposer plus loin sur une table. Il y avait là des mets un peu partout, aussi raffiné que les gens qui se tenaient ici. Du moins en apparence.

Esquivant certains regards un peu trop interrogateur, Corwin balayait l'ensemble de la salle de son regard pénétrant, jusqu'à ce qu'il rencontre une carrure familière dans un coin de la pièce. Son père se tenait là, de manière toujours aussi droite et fier. Il se tenait de profil, habiller d'un costume sombre et gris, portant à son doigt de la main droite l'anneau sigillaire de la famille Griffin. Le jeune alchimiste pouvait le reconnaître tandis que Leto continuait de parler avec cet homme un peu  grassouillet. La tension monta d'un cran pour le jeune Griffin qui pourtant gardait une grande maîtrise de lui-même, comme il savait le faire. D'un pas décidé et tranquille, Corwin se rapprocha de son père, sachant que c'était le moment de pousser définitivement cette porte. Son cœur voulu s'emballer, mais son esprit lui imposa de rester calme. Notre Lieutenant-Colonel avait besoin de toute ses facultés présentement, alors qu'il se planta devant nos deux hommes plus grand que lui. Son visage semblait ferme quand son regard anthracite se planta dans celui de Leto, si identique au sien... Le silence ce fit en cet instant, tandis que les deux rapaces se fixaient, laissant l'homme grassouillet un peu perplexe. C'est le fils qui finit par rompre ce moment, en prenant une voix monocorde et calculée, affichant cette envie de ne pas perdre le contrôle un seul instant. Il se contenta donc de saluer son père en inclinant un peu son menton :

➽ Père....

"Monsieur Pelton, je vous présente mon fils aîné, Corwin." Fit en retour Leto en se tournant à demi envers cet homme qui se raclât la gorge.Il semblait assez surpris et finalement ravis d'avoir une telle information.  

➽ Je suis navré de vous interrompre mais puis je parler seul à seul avec mon père s'il vous plait ?

L'homme eut un sourire de convenance et nota cette gravité sur les trait du jeune homme, avant de concéder d'une voix faussement enjoué. « Difficile de ne pas voir qu'il est votre fils en effet » Puis il se retira en laissant nos deux protagonistes. Aucun d'eux ne semblait trouver les mots, et Corwin plus encore qui pourtant s'était imaginer cette confrontation mainte et mainte fois.. Et là.. Il se sentait pis qu'un enfant qui allait se faire gronder, alors qu'il refusait de quitter ce visage si impassible, vis a vis de son paternel. Ce dernier cependant, leva une main et l'invita à le suivre dans un petit cabinet, conscient que cette foule ne sera pas nécessaire...  

C'est un verre de plus qu'il aurait aimé boire en cet instant, alors que nos deux hommes se tenaient seuls, dans ce petit cabinet doucement éclairé par une lampe qui se tenait au plafond. Pourquoi cela avait été si simple pour Corwin de se tenir face au Général Brewster, pourquoi cela avait été moins complexe de mettre ses désirs les plus profonds pour affronter Kimblee en soutenant son ami... Et si fastidieux de se tenir si digne et implacable vis à vis de son père. Il avait l'impression d'être un petit garçon. Cependant ce n'était pas le même mur infranchissable que celui que lui avait offert ce Général dont il haïssait jusqu'à son nom... Mais ça restait quelque chose qui lui demandait de puiser au plus profond de lui-même pour se contenir. Soutenir ce regard si identique au sien avait quelque chose de fascinant et d'effrayant. La dernière fois qu'ils s'étaient tenu ainsi, il pleuvait des cordes, Corwin, du haut de ses dix huit ans était encore vêtu de son uniforme, les cheveux collés à son front. A présent sept ans  s'étaient écoulé et le Frozen offrait malgré tout une expression plus solide... Et pourtant c'est le mutisme qui régnait dans sa bouche résolument close. C'est sans doute ce qui dérangeait le plus âgé qui fronça des sourcils à cet égard. «Vas tu rester aussi taiseux ou vas tu enfin exprimer ce qui dort au plus profond de toi. Exprime toi »Leto se tenait debout, à quelques pas seulement de Corwin. Ses pupilles venant à reconnaître celle longue cicatrice qui marquait les traits de son fils. Il était petit de taille, mais ce visage  avait définitivement mûri. C'est avec un goût presque amer et piquant que le maître horloger constatait à quel point les années ne se rattrapaient pas... Quant au Frozen, il serra un peu plus des mâchoires à la réflexion de son paternel, alors qu'il crut entrevoir une lueur de supplication dans ses yeux. Ce n'était donc pas un reproche, mais une demande. Inspirant l'air de la pièce avec discrétion, le jeune homme chercha un semblant de calme intérieur pour définitivement ouvrir la bouche, laissant enfin entendre une voix atone et mesurée.

➽ Tu veux que je m'exprime sur quel point. Celui qui fait que je suis devant toi à présent, ou bien le fait que tu m'as rejeté ?

Corwin savait que ce n'était pas forcement de cette façon qu'il aurait dû parler, mais pour une fois, il avait laissé parler son instinct. Leto plongea une main dans sa poche de pantalon face à cette réplique. Même s'il ressentait un reproche profond de la part de son fils, il y voyait un début de progrès. Depuis son plus jeune âge, Corwin ne parlait pas autant que la plus part des autres enfants, comme s'il préférait voir et comprendre, avant quoi que ce soit. Une faculté qui s'avéra très utile quand il commença son apprentissage. Cependant, le maître horloger avait toujours soupçonné ce soupçon de passion qui dormait dans le cœur de son garçon. Quelque chose qui l'avait pousser en fin de compte à faire un acte de grande témérité. Celle de partir à la guerre. L'homme voilà quelques secondes son regard sous ses paupières, avant de reporter son attention sur le plus jeune qui n'avait pas bougé d'un pouce. « Les deux.. ? » Le ton parut semblable, bien que plus grave. Corwin inclina un peu son menton, et finit par légèrement se détendre, acceptant donc d'aller plus loin et conscient que son père faisait une sorte de pas en sa direction.

➽ Je suis venu ici parce que tu m'as permis de voir Charlie, contrairement aux autres années. Je suis ici par ce que je voudrais changer les choses. Je me disais que cet endroit serait un territoire neutre entre nous. Je me demande... *courte pause* Tu as dit que j'étais ton fils à cet homme, mais....

Il fut alors interrompu par Leto qui retira sa main de la poche,  « J'étais là durant ton examen, dans cette arène. »

➽ Hein... ?!

Corwin l'étudiait avec un regard plus écarquillé et la bouche légèrement entrouverte avant de finalement reprendre un air plus grave. Son père l'avait vu agir ? Sa logique n'alla pas plus loin car son père enchaîna en se rapprochant simplement d'un pas.  « Je ne voulais pas venir par ego, mais ta mère et ta sœur ont insisté.» Il lui expliqua combien sa mère avait espérer le voir franchir la porte du magasin chaque jour, surtout après sa sortie de l’hôpital. Le fait de trouver cette médaille sur le seuil de la porte, avait nourrit l'espoir qu'il viendra tôt ou tard frapper à la porte.. Mais en vain. Pour le coup, Corwin ressenti une sensation de honte, pour ne pas avoir fait ça plut tôt.. Il savait qu'il avait traîné, et ses obligations n'avaient rien d'une excuse valable. En définitive, sa mère avait vu une belle opportunité en se rendant à cet événement. Elle voulait voir ce qu'était devenu son fils. C'est là que Leto ajouta après une longue pause...que lui aussi nourrissait ce désir de le voir. Son regard s'arrêta sur cette cicatrice une fois de plus. Soudain, le Frozen réalisait que sa famille aurait pu être tuée sans qu'il le sache ce jour là ! Et son visage devint légèrement plus pâle, tandis qu'une sourde colère s'emparait de lui. Il ne se serait jamais pardonné et à ces assaillants... Encore moins.

Leto ne le lâchait pas un instant du regard...Bien que son fils ne disait rien, il pouvait lire en lui malgré tout. Gardant ce ton calme, l'homme plus âgé proféra  «Je suis fier de l'homme que tu es en train de devenir » Le jeu Griffin releva alors son regard sur celui de Leto, il y avait comme une lueur dé défit qui se mirait à l'intérieur, alors que précédemment il n'y avait que retenu. Sa voix résonna dans un demi murmure, avec une intonation qui ne trompait pas ce qui grandissait en son cœur.  

➽ Fier... Tu dis... 

C'est d'un pas vif qu'il se rapprocha de son père et vint à le saisir de sa main droite, au col. Tirant dessus, Corwin relevait son visage, dévoilant une expression de colère pure :

➽ Comment peux tu être si fier d'une personne qui n'a pas su la ramener ! Comment tu peux être fier alors que je n'ai fait que te décevoir en bafouant la loi, que tu m'as fichu dehors!! 

En vérité, il semblait plus perdu que courroucé par les paroles de son père. Parce que dans le fond, il désirait tellement qu'il le dispute, comme quand il était enfant et qu'il faisait une erreur. Son poing se serra sur ce tissu qui se froissait sous la pression. Son regard braqué dans celui de Leto qui le fixait avec un calme désarmant. Pourtant, lorsque cet homme donna sa réponse, le jeune homme ne put retenir un hoquet de surprise, tandis que son emprise restait identique. Deux bras puissants se saisir de lui, l'invitant contre son père. Une étreinte dont il voulait par rage se retirer et pourtant il ne le fit pas, tandis que son poing relâcha sa prise pour cogner ce torse avec une force contenue. Pas de quoi faire reculer son paternel qui usa d'un ton ferme mais apaisant. «La fautive dans tout cela c'est la Guerre mon garçon. Elle ne fait que des survivants et des morts. Le comprends tu ?» Ces atrocités qui en appelaient forcement d'autres, et ce qu'il s'était déroulé il y a quelques jours lui donnait raison sur ce point. Voyant que son fils cessait de se débattre il poursuivit en lui faisant réalisé que tout ce qui l'avait animé jusque là c'était le désire de changer les choses, pour sa mémoire, mais aussi pour que plus personne ne vive de telle chose.  «Tu as su te redresser alors que je te croyais perdu. Tu n'étais pas toi même devant cette maison ce jour là, mais un fantôme. Si je t'avais laissé entrer, dis moi sincèrement, quelle voie aurais tu choisi exactement ?» Corwin resta immobile une longue minute, respirant profondément, comme pour retrouver un semblant de calme alors que sa colère se taisait. Lentement, il se recula de quelques pas, tandis que son père l'avait relâché. Il voyait bien que le plus jeune étudiait réellement la question.

➽ Je serais en prison, parce que je n'aurais pas supporté vous voir tout les trois pleurer sa disparition et de ne pas assumer ma part de responsabilité.  

Il comprenait où voulait en venir son père, mais ça ne voulait pas dire qu'il lui pardonnait cet acte. Son regard se fit plus dur et pourtant, Leto assumait cette expression.  «J'ai ma part d'erreur dans cette histoire et j'ai perdu sept longues années... Je ne t'ai pas vu devenir Alchimiste d'Etat, ni te soutenir dans ce choix. J'ai conscience de ce que j'ai manqué auprès de mon garçon qui n'a plus rien d'un enfant. Est-ce qu'un jour, permettras tu a un homme entêté de se lier à nouveau à son fils ?»
Le Frozen était bien loin d'avoir imaginer un tel retournement de situation. Lui qui avait mainte et mainte fois pensé cette confrontation dans ses rêves comme dans ses moments de tranquillité depuis son départ dans l'Est du pays. Tout à coup, c'était comme si toute son énergie l'avait quitté et qu'il ne restait qu'une sensation d'engourdissement. Comme si on venait de retirer quelque chose de pesant au fond de lui. Pourtant, Corwin gardait cette posture digne, seuls ses yeux trahissaient son état. Ils brillaient comme si des larmes allaient finir par faire leur office. Mais rien ne vint... Une main se posa sur son épaule, celle de son père. Une poigne confiante mais qui quémandait une réponse. Corwin finit par hocher du chef. Oui, plus que tout il voulait renouer quelque chose, mais il ne lui rendra pas la chose aussi simple, et ça Leto en avait parfaitement conscience alors qu'il lui dictait en relâchant son emprise... «Quittons cet endroit » Il ouvrit la porte du cabinet, attendant un mouvement de son fils. Ce dernier finit par le suivre, réalisant progressivement qu'il venait de remporter une bataille.

C' est un peu machinalement que Corwin suivait les pas de son père. Ils avaient regagner cet immense salon où les convives paraissaient passer une  bonne soirée. Certains regards se tournèrent vers leur passage sans pour autant daigner vouloir les arrêter. Leto usa de quelques convenances cependant, en tant que représentant de la maison Griffin, tandis que le Frozen ne se contentait que d'offrir son mutisme, inclinant parfois son visage envers divers personnes. Bien qu'il soit encore en colère contre son père, il avait conscience de sa position en tant que Griffin, laissant son enseignement prendre le pas sur ses divers émotions qui ne cessaient de s'entrechoquer à l'intérieur de son être. Certes, Corwin avait fait le pas envers son aîné, mais il ne voulait pas que ce soit aussi simple...Comme si c'était son père qui avait tout à gagner.. Qu'on pouvait l'expulser puis l'accepter à nouveau, parce qu'on le décidait ?...Oui, mais Leto avait cependant formuler sa demande tout en mettant les choses à plat. Ça, notre Lieutenant-Colonel ne pouvait pas le lui retirer et le considérait. Au bout de quelques longues minutes, nos deux protagonistes parvinrent à se défaire de tout ce cérémoniale et regagnèrent l'entrée, vêtu de leur manteau respectif. Plongeant les mains dans les poches de ce dernier, Corwin glissa un regard en biais à son père qui finit par le lui rendre...

Comme dit un peu plus haut, il ne lui rendra pas la tâche aussi simple et un fin soupire quitta les lèvres de Leto qui y reconnaissait là son propre trait de caractère, à être si entêté. Il finit par s'éloigner en lui demandant de l'attendre ici. Notre alchimiste fronça un peu des sourcils, et finit par remonter le col de son manteau , n'aimant guère le côté trop conventionnel et décida de se montrer patient. Au bout de quelques minutes, il put entendre le vrombissement d'une voiture qui se rapprochait. Cette dernière stationna juste devant la grande allée et Corwin distingua l'apparence de son père à l'aide de lampadaire. Inspirant profondément cet air humide, le jeune homme finit par s'engager dans cette rue et entra dans la voiture, côté passager, sans parler encore une fois. Il se contenta de laisser Leto conduire prudemment, alors que les hauts quartiers de Central défilaient devant son regard peu attentif à tout cela. Pas même alors qu'ils passaient non loin du QG. Le frozen se contenta de récupérer sa montre pour tenter d'y voir l'heure, malgré le manque de visibilité, et réalisa qu'il était parti depuis un sacré moment. « Elle me semble bien différente de celle de ton supérieur...Je pensais que les Alchimiste d'Etat en avait une identique » Corwin tiqua légèrement. Même en conduisant son père pouvait être aussi observateur. Il rangea sa montre au fond de sa poche, conscient de ce qu'elle renfermait aussi.

➽ Oui, mais je ne suis pas qu'un simple Alchimiste d’État, je suis un horloger. Rien n'interdit une telle chose tant que je ne la perds pas.

Ce qui en soit était vrai, mais s'il n'avait fait, c'est aussi par nécessiter. Cette pierre qu'il y cachait, il n'arrivait pas à la détruire et cela devenait un problème. Enfin sans sera un si jamais on savait ce qu'il détenait. Hors mettre sa famille en danger n'était pas dans ses papiers. Du coin de l’œil, il ne parvenait pas à déchiffrer l'expression de son père qui continuait sa route, puis ses pupilles s'abaissèrent pour s'attarder sur l'anneau de la famille, avant de revenir sur la route en elle même. La pluie commençait à tomber lourdement sur les pavés, rendant la route plus glissante. Le frozen indiqua alors l'embranchement à prendre pour rejoindre un quartier militaire résidentiel, et Leto obtempéra sans histoire, avant de finir par trouver une place pour se garer. Coupant le moteur, Corwin eut le sentiment qu'il aurait dû être plus loquace mais ce n'était tellement pas dans sa manière d'être, et nos deux protagonistes le savaient pertinemment, étant du même bois. Le jeune homme ne semblait pas vouloir descendre...Cherchant quoi dire, mais c'est son père qui rompit cette sensation pesante.  «Ta sœur a raison en ce qui nous concerne. Nous sommes d'un même bois et c'est sans doute pour cela que c'est si difficile pour nous de réellement communiquer, entre nous. » Le jeune Lieutenant-Colonel  détourna un peu son visage pour fixer la pluie qui tombait sur le capot encore chaud du véhicule.

➽ uhm... Un ancien Général m'a parler un peu de toi, en pointant nos ressemblances.

Leto retira ses mains du volant en tournant son visage vers celui de son fils. Quel ironie de voir que ce dernier avait dû affronter son ancien ami. Cependant Corwin avait pris la bonne décision, du moins du point de vu de notre maître horloger. Un sourire en coin vint à marqué ces traits vieillissant. Une analyse qui frappa le Frozen, qui réalisait qu'en effet, le temps n'épargnait personne. « Corwin, nous savons tout deux que ce monde n'est pas ce qu'il semble vouloir paraître, toi plus que quiconque. J'ai vu ce dont tu étais capable lors de cet attenta. Un grand homme ne cherche pas à diriger  mais est appelé à le faire.» Son regard se posa dans le sien, malgré la faible lueur de cette rue si silencieuse, malgré la pluie battante. Corwin soutint ce dernier et  finit par incliner un peu son visage. En son esprit il restait un peu perplexe face à ce conseil...Mais il savait que son aîné ne parlait jamais pour rien. Une énigme de plus. Cette conversation touchait à sa fin, et un sentiment un peu amer vint à se glisser dans son cœur. Qu'il ne le reconnaisse ou pas ouvertement, ça lui avait fait du bien de crever l’abcès. Une moue se fit reconnaître sur son visage et il finit par répondre un peu agacé :

➽ Tu... Enfin.. Est-ce que je pourrais te revoir ? Je veux dire, à la boutique ? 

L'hésitation n'était pourtant pas une habitude pour  le jeune Griffin, tandis qu'il se sentait à nouveau comme un petit garçon. Chose qui l'agaçait encore plus. Cependant son père rompit assez vite la situation en concédant d'une voix grave qu'il était d'accord. Bien, il y avait encore tant de raideur à rompre, mais cela semblait être un bon début. Finalement Corwin finit par tendre une main envers Leto qui la serra  avec fermeté avant de la relâché. Formel, mais encore une fois, cela scellait une forme de paix. Après quoi, le jeune homme quitta le véhicule pour monter sur le trottoir et gagner les quelques marches qui l'amenaient à la porte principale de la maison. Alors qu'il frappait pour que Yueh lui ouvre, il eut le temps de se retourner pour voir la voiture de son père repartir, et disparaître dans la rue suivante. Le frozen resta planté là un moment, car il n'avait pas entendu son mentor lui dire de rentrer au plus vite, s'il ne voulait pas finir trempé. Il manqua de tressaillir à la deuxième appellation et il finit par entrer en silence.. Refermant la porte derrière lui.