Le voyage en train présidentiel s’était fait assez rapidement. J’étais venu ici il y a quelques semaines déjà pour y rencontrer Edward, Alphonse et toute une petite bande de rigolos : des chimères humaines aux ordres de Greed. Voilà qui était assez amusants à mon sens. J’espérai que les frères Elric allaient écouter mes conseils. Mais pour m’en assurer j’aurais sans doute besoin de l’aide d’un allié, et pas d’un de ces bureaucrates obséquieux. Malgré leur utilité, ça me pesait. Mais je connaissais le Général Hawat, un homme que je considérai comme d’une autre trempe, de par sa participation à la guerre d’Ishbal, malgré son origine du Sud.
En arrivant à South city, un véhicule nous attendait déjà pour me mener au Quartier Général de la région. J’espérais, non je savais, que le récemment nommé Général de Brigade gérai la situation avec la frontière sud de main de maître. Ma visite cependant était tout autre et seul quelques personnes venus de Central quelques jours plus tôt connaissait ma venue, j’aimais faire ça. Personne au courant de ma venue et personne pour m’empêcher de faire ce que bon me semblait.
En traversant les couloirs du QG pour rejoindre le Bureau du Gouverneur du Sud, je regardais les soldats surpris de me voir avec amusement. C’est pour cette raison que je souriais toujours lorsque j’étais dans un lieu. Je m’amusais de voir à quel point ils étaient naïfs. Je fus rapidement en vue du bureau de Daneel Hawat. Deux aides de camps montaient la garde devant la porte. En me voyant arriver, je vis leurs regards ébahis. Mon assistant leur demanda d’ouvrir la porte, ce qu’ils firent en se pressant. Ouvrant la porte en grand. Je demandai à mon escorte d’attendre à l’extérieur, ce qu’ils firent sans discuter.
Dans le bureau, je restai debout devant la porte. Ma voix était musicale et agréable. "Bonjour Général Hawat. Comment allez-vous ?" Une introduction simple et toute à mon image, celle que tous connaissaient comme mon visage avenant. Mais la suite n’allait pas être très avenante.
La pièce qui faisait office de grand bureau, semblait baigner à la fois par la lumière et par les ombres. On pouvait y voir une grande bibliothèque sur la gauche en y entrant, recouvert de paperasses diverses et aussi de livres concernant la région. Sur le coin opposé se tenait deux canapés et une table basse, sur laquelle reposait un jeu de dame. Une grande vitre donnait directement sur le bureau principale, permettant à celui qui s'asseyait là de voir pleinement l'expression de ses visiteurs, alors que ces derniers ne pouvaient lutter face à ce contre jour. Une astuce parfaitement voulu de la part de Daneel quand il avait accepté ce poste à South City. Assit dans son fauteuil, le Général de Brigade Hawat venait de plier un document qui parlait de nouvelles recrues à son effectif. Il allait devoir vérifier ces hommes par lui-même, comme il le faisait toujours. Être sous ses ordres réclamait de la volonté, mais aussi une grande discipline. Ce qui rappelait à notre homme qu'il n'avait toujours pas pu récupérer cette « arme » qu'il voulait mettre à son compte. Une mince fumée blanche quitta ses narines, tel un exutoire, alors que de sa main mécanique, il retenait une cigarette fraîchement allumée. Son regard sévère s'attarda sur un autre dossier. Il semblait avoir vécu celui là, comme s'il avait été feuilleté plusieurs fois.
C'est en entendant les pas dans le couloir, que ses sens se mirent en alerte... Une démarche se dénotait dans tout ce bruit et Hawat n'avait pas besoin d'en savoir plus...Il l'avait tellement entendu lors de ses venues à Central. Aucune visite n'était cependant prévue et encore moins... De la part de cet homme. Voila qui le fit froncer des sourcils, car notre Général aimait les choses carré à ce sujet. Mais là, il fera une exception, c'était une évidence au vu de l'identité de la de l'arrivant. Quittant son fauteuil, Hawat n'abandonna pas pour autant sa cigarette qu'il porta une fois de plus à ses lèvres. Au fond de son esprit, il se contentait de se faire attentif quand à ce qui allait se passer dans cette pièce. Une telle venue n'était sûrement pas sans conséquence. Qu'est ce qui pouvait bien l'attirer ici...Dans ce territoire si perdu... Son regard se perdit un instant par delà la grande vitre, avant que les pas s'arrêtèrent devant sa porte... et une pensée vint à se répandre en son esprit affûté. *L'existence est comme un bourdonnement très doux quand tant d'abeilles travaillent pour vous.* La porte s'ouvrit en grand, en son dos...
Daneel qui jusque là se tenait debout, les mains jointes derrière sa personne, retenait la cigarette entre ses lèvres, tandis que la fumée se répandait autour de lui. Son père le gronderait à garder ce genre de posture. Il tournait le dos à la porte et c'était un tort. Il n'y avait pas plus simple pour se faire tuer. Mais il l'avait identifié avant même son entré, non ?
➽ Bonjour Mon Généralissime. Je me porte bien et vous même ?
Après quoi il se tourna vers son supérieur pour lui faire face. Si Daneel était surpris, il n'en montrait rien, alors que d'une main il vint écraser sa cigarette dans le cendrier, histoire d'être des plus correctes. Ses traits semblaient dures et graves, affichant par là une assurance maîtrisée.
➽ Que me vaut l'honneur de cette visite impromptue ?
Sa voix paraissait directe mais respectueuse sous cette posture droite et à la fois détachée. Le Général Hawat n'avait personne à impressionner et surtout pas le Généralissime. Tout ce qu'il voulait c'était connaître le fin mot de cette arrivée. Elle aura au moins le mérite de casser son manque d'activité actuel. Faire de la paperasse, cela allait un temps dans une journée. Son regard sombre ne quittait pas ce visage qui lui faisait face, alors qu'il se tenait toujours debout derrière son bureau.
Ce petit général était un homme sage et réfléchi. J’avais suivi sa carrière, comme je suivais la carrière des hommes prometteurs. Alchimistes d’État pour mon grand projet et militaires ambitieux pour m’épauler dans ce même projet. C’est ainsi qu’au fil des années qui suivirent mon accession au poste de Généralissime, j’avais trié mes alliés sur le volet. Pour le Général de Brigade Hawat, il était temps de voir si sa volonté était celle dont j’avais besoin ou si, à l’instar du pauvre imbécile de Grumman, il allait pourrir durant des décennies dans l’ombre de Central, ici dans le sud. Le Général Gordon, gouverneur de l’ouest, l’avait appris à ses dépens quand je l’avais envoyé au front pour me permettre de le remplacer par un autre plus… en accord avec le Grand Projet. Je souris au jeune méca-greffé et je répondis avec douceur. "Tout va bien, venir ici me change les idées." A vrai dire la puanteur de Central me dégoutait au plus haut point, en ce moment, ce qui me poussait à me balader et donc à venir ici dans le sud. Mais Hawat n’avait pas besoin de savoir ça.
M’approchant et laissant donc la porte se refermer derrière moi, je changeai d’expression. De ce petit sourire amusé, mon visage devint bien plus sérieux, sévère voire carrément austère. C’était mon vrai visage en fait et je dois avouer que par moment, il était difficile de sourire en permanence. Moi qui ressentait cette colère sourde en permanence, comme lorsque j’avais ordonné le massacre des Ishbals, ou plus récemment celui des insurgés de Lior. Que l’on apprécie ce que j’avais fait ou pas, n’avait que peu d’importance, j’étais la nation. J’étais Amestris. Ma voix se mua également. Elle était moins douce et agréable. Elle était bien plus dure. "Général Hawat, je souhaite tester votre volonté. Dites-moi, êtes-vous prêt à me suivre ? Vraiment, aussi loin que je le souhaite ? Que diriez-vous d’une armée immortelle ?" La même question, toujours. Tous mes partisans, mes proches, s’étaient vus face au choix qu’impliquait cette question. Cette fois-ci, c’était le Général Hawat. J’avais été droit au but, comme lui, aucun préambule, juste la fameuse question.
Se tenant toujours derrière son bureau, Hawat gardait cette pose plutôt solennel, tandis que son supérieur venait à lui soumettre qu'il était ici pour se changer les idée. Vraiment ?.. Dans le Sud ?... D'ordinaire, la majorité des soldats et officiers se demandaient bien ce qu'ils avaient pu faire pour finir dans un endroit pareil. Il n'y avait guère que les gens natifs de ce territoire et qui pouvaient réellement l'apprécier et connaître les subtilités d'un endroit aussi aride. Daneel avait conscience que l'homme en face de lui n'avait plus depuis longtemps, de preuves à fournir quand à son expérience, mais ça ne restait pas moins...Surprenant. Lorsque la porte se referma pour de bon, laissant en face à face nos deux protagonistes, le visage du Généralissime prit une toute autre expression, tandis qu'il se rapprochait du Général. Des traits bien plus austères s'offrirent à son regard inquisiteur, alors qu'Hawat ne bougeait toujours pas d'un iota. C'était tout bonnement le signe que la véritable conversation allait avoir lieu, comme si les masques tombaient pour de bon. Pourtant, notre Général savait reconnaître un danger quand il y en avait un proche de lui. Si le lapin se dévorerait la patte pour échapper au piège tendu par le chasseur, et mourir de la suite de sa blessure, un humain saurait attendre patiemment que le prédateur se rapproche pour tenter sa chance.
Pas un mot ne franchit ses lèvres un peu asséchées par le climat ambiant, alors que la fumée de sa cigarette s'estompait enfin de la pièce. L'atmosphère n'en restait pas moins imposante face à lui, alors que le Généralissime poursuivit sa démarche en prenant la parole. Une voix ferme et qui exigeait une réponse clair et précise. Un ton digne de la piqûre d'un scorpion...Une menace qui menaçait de s'abattre pour de bon, si la réponse n'avait aucun sens. Cependant, une chose manqua de lui faire hausser un sourcil et si cela était venue de la part d'une toute autre personne, Daneel en aurait rit très franchement. Une armée immortelle ?... Quoi de plus invraisemblable et de plus loufoque à entendre pour un esprit aussi cartésien que le sien. Oui, il comprenait parfaitement que celui qui gouverne doit convaincre et non imposer, mais tout de même... est-ce que cela sous-entendait que son supérieur se devait d'aller dans ce genre d’extrémité pour ça ? C'est dire la volonté que cela abritait derrière tout ceci. Et c'est ce qui plaisait à notre Général ici présent. Un fin son quitta sa bouche, comme s'il réfutait quelque chose, avant de concéder d'une voix parfaitement maîtrisée.
➽ J'ai déjà perdu deux bras durant la guerre, je pense que c'est une réponse valable quand à l'idée de vous suivre mon Généralissime, cependant épargnez moi l'idée d'une armée immortelle. Je n'ai pas besoin d'une telle carotte illusoire pour avancer sous votre commandement. Mais je peux comprendre que cela marche avec des êtres plus.. crédules.
Le ton semblait donné de la part de Daneel. Il n'y avait là aucun manquement de respect envers son supérieur, mais bien une franchise bien tranché quand au fait de ne pas le mettre dans le même panier que certain. S'il servait le Généralissime, c'est bien parce qu'il reconnaissait sa force et son autorité. Il n'allait pas remettre ceci en question.
➽ Comment désirez vous éprouver ma volonté ?
Car, même s'il venait de donner une réponse verbale, rien ne valait plus que les actes n'est-ce pas ? Le Général Hawat n'était pas stupide et avait conscience de son rôle comme de son devoir. Avoir le Généralissime dans son bureau n'avait rien d'une banalité.
Ce bureau empli de la fumée de la cigarette m’agaçait au plus haut point. Mais je ne pouvais empêcher le Général d’avoir quelques défauts. Il avait montré son expertise dans bien des domaines. Son esprit réfléchi et calculateur était très utile, notamment à Ishbal, c’est bien pour cela que le voir assis dans ce fauteuil aujourd’hui me réjouissais. Je savais qu’avec un homme comme Daneel Hawat ici, la frontière sud resterait dans l’état qu’on lui avait laissé et que rien, ni personne ne nous empêcherait d’arriver à nos fins. Je regardais intrigué par la réponse qu’allait donner l’homme de Dublith.
Une surprise. Voilà ce que j’avais eu droit en guise de réponse. La plupart de mes généraux, ceux au courant de mon projet, avait sauté dans ma proposition à pieds joints. Croyant certainement que cela s’appliquait aussi et surtout pour eux. La nature humaine était ainsi faite, les humains voulaient toujours plus. C’est ce que nous avait appris Père. Je souris amusé en observant cet homme froid, calculateur et direct. Je finis par hocher la tête. "En effet, la perte de vos membres montrent votre détermination." J’allais reprendre la parole lorsqu’il posa la question inévitable. Il était loin d’être bête cet homme et je pense que les qualités que j’avais sous les yeux contrebalançaient aisément le petit défaut de tout à l’heure. Je souris et en retour je répondis d’abord par une autre question. "Dites-moi, que savez-vous des Homonculus ?" Cette question était simple, elle visait à lui faire entrevoir la possibilité de ce monde, celle que l’on cachait aux imbéciles d’Alchimistes qui se prenaient, ou du moins tentaient de se prendre pour Dieu. Leur interdire la création d’Homonculus ou toute transmutation humaine nous permettait de garder la mainmise sur cette partie de l’Alchimie. Je repris. "Pour me montrer votre volonté, il faudra quitter ce bureau et chasser l’animal qui, même au sein de l’armée, est considéré comme un monstre. Kimblee. Ramenez-moi sa tête." Je me redressai l’air sévère. Kimblee risquait d’être une épine dans mon pied. Puis, je me repris. "Essayez d’abord de me le ramener vivant. Il pourrait encore être utile. Si ce n’est pas faisable, sa tête me suffira." Autre chose devrait aussi être ramené, mais cela dépendrait de la réponse à ma dernière question.
L'atmosphère des lieux était toujours plonger dans une petite brume de fumée qui s'estompait malgré tout entre nos deux protagonistes. Daneel n'avait pas bouger de sa position alors qu'il avait été des plus franc envers son supérieur. Parfois, il fallait savoir prendre par surprise pour enfin comprendre à quelle sauce on allait être dévoré. C'est exactement ce que venait de faire notre Général et visiblement, cela n'avait pas manquer son effet. Le silence semblait être retomber, alors que le Généralissime lui offrit un simple hochement de tête. Quoi qu'il en soit, Hawat attendait surtout une réponse à sa question directe, et il ne fut point déçu, car ce fut à son tour d'être quelque peu désarçonné. Son visage ne reflétait que ce sérieux caractéristique, bien qu'un léger froncement des sourcils le rendit plus sévère. Les Homoculus, ceci lui évoquait des légendes qu'il avait bien voulu entendre dans sa jeunesse. Un sujet tabou pour beaucoup d'autres, mais des légendes tout de même. Daneel était un être qui n'avait pas vraiment eut le loisir de soulever la poussière sur ce genre de sujet, étant donné son enfance très occupé pour devenir le soldat qu'il était à ce jour. Autant dire qu'il n'en avait pas eu le temps ni le désir.
Cependant, si le Généralissime soulevait une telle question c'est que ces légendes n'en étaient peut être pas. Retenant l'envie de chercher une clope dans son paquet qui se trouvait sur la table, Hawat pris le temps de répondre., alors que son supérieur se mit à lui parler de ce qu'il attendait de lui. Une mission donc... Kimblee tient donc, il en avait beaucoup entendu parler durant la guerre, un sacré psychopathe il devait bien le reconnaître. Inclinant un peu du menton, il concéda son accord envers Bradley. Une chasse à l'homme rien que cela. Oui mais quel gibier en vérité. Daneel n'avait rien contre cet Alchimiste d'Etat déchu, mais s'il fallait mettre la main dessus, il le fera sans hésiter. Mais avait tout ceci, il devait répondre à cette question subtile.
➽ Que ce sont des légendes et que toute légende à sa part de vérité.. C'est sans doute pour cela qu'il s'agit d'un sujet que l'on murmure, comme si notre instinct nous disait d'en avoir une peur obscure.
Sauf que le Généralissime avait énoncer cela d'une manière très clair, et c'est ce qui intriguait l'intellect d'Hawat qui se contenta de reprendre, mais cette fois-ci sur ce qui s'avérait être un ordre de mission.
➽ Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour vous remettre en main propre ce fugitif.
Le Général n'était pas homme à ne pas remplir ses missions et il savait déjà qui il allait amener dans cette chasse. Hawat avait la particularité de demandé systématiquement le meilleur de ses hommes, comme lui-même se l'imposait. Même si cela le menait dans un territoire bien différent du sable et de la chaleur, un milieu qu'il connaissait pourtant si bien. S'écartant un peu du bureau, Daneel s'attendait à une explication concernant les Homoculus.. Un terme si lointain pour lui. La graine de la curiosité venait d'être plantée dans son esprit, et quelque chose lui disait que Bradley avait fait exprès... Comme une expérience.. Celle de voir s'il irait chercher lui-même la réponse. Parce que c'est ce que notre homme fera en fin de compte, si nulle parole ne revient sur le sujet. Hawat n'était pas du genre à insister, sauf dans un interrogatoire. Mais là, la différence c'est que c'était tout bonnement lui, l'interroger et point par n'importe qui. Par l'homme qu'il respectait pour sa force et son autorité. Du moins jusqu'à ce qu'il se fasse déchoir de son statut...Si jamais cela devait arriver.
Le Général du Sud avait un esprit très rationnel. Pourtant, de nombreuses subtilités de ce monde semblaient lui échapper. Notre discussion était simple. Malgré son esprit étriqué, l’homme assis face à moi était un homme exceptionnel et qui me servirait parfaitement.
J’avais logiquement posé la question que nombre de militaires ambitieux et stupide avait accepté sans hésiter. Mais lui préférait me servir même sans cette illusion. J’appréciais définitivement plus cet homme que tous les imbéciles pompeux qui me ciraient les bottes. J’avais eu raison de le choisir pour la mission que je comptais lui confier. La question des Homonculus fut posée et sa réponse me satisfit avec un grand plaisir. Je lui montrais alors une chose que seul mon État-Major savait. Tous les autres étaient morts et ne pouvaient donc pas divulguer. Je posai mon épée de parade sur le bureau du Général Hawat avant de défaire le bandeau qui couvrait mon œil gauche. Je le posai à mon tour sur le bureau puis j’ouvris cet œil que je cachais. Le symbole d’Ouroboros remplaçant ma pupille, je me penchai vers le général aux automails et je dis avec le sourire. "Ce sont des légendes en effet." Au bout d’une minute ou deux, je remis le bandeau tout en continuant mon discours. "Je suis Wrath, c’est ainsi que les autres me nomment. Vous êtes le seul, en dehors de l’État-Major, à savoir. Je vous prierais donc de n’en parler à personne. Sinon ce sera la mort." J’excluais le plus jeune des deux Elric. Il n’était pas une menace en l’état et il était important pour la suite du projet.
On en vint à la raison de ma présence chez le Général. Il me répondit comme je m’y attendais. Un fin sourire apparut sur mes lèvres. Je rajoutai avec calme. "Parfait." Je repris mon épée, fit demi-tour et en me dirigeant vers la porte, je dis calmement. "Notre entretien est fini. Bonne chasse Général." Je pris un air amical, comme celui qui décorais faussement mon visage devant ses idiots de militaires qui ne savaient pas ce qu’il se tramait en haut de leur petit univers ridicule. Je quittai le QG, mon intendant me demandant si tout s’était bien passé. Je répondis par l’affirmative. Au moment de monter dans la voiture qui allait me mener jusqu’à la gare, je jetai un regard froid et hostile au bureau du Général. Il ferait un travail parfait, j’en étais certain.
La fumée avait fini par rendre l'âme dans cette pièce ou régnait soudainement une atmosphère presque oppressante. Cependant Daneel restait aussi calme que pouvait l'être un désert, le regard fixer sur un homme qu'il savait suffisamment fort et imprévisible pour le plier à sa volonté. On ne tournait jamais le dos à ce genre de regard. C'est alors que le Généralissime s'approcha de son bureau pour venir y déposer son sabre de décorum , dans un geste aussi précis que déterminer. Une détermination qui ne s'arrêta pas à cela, car bientôt, son supérieur retira aussi son bandeau au niveau de son visage. Bien que le Général Hawat ne disait mot sous ce visage d'acier, il n'en restait pas moins intrigué par toute cette cérémonie, jusqu'à ce qu'il voit le Généralissime se pencher dans sa direction avec une aura particulièrement agressive. Celle d'un prédateur parfaitement conscient de sa puissance et qui contrôlait là situation. Ce qui l'amena à penser à une vieille maxime qu'il avait entrevu dans un ouvrage. *Lorsque l'on est rendu maître d'une chose, on peut détruire cette chose...* Cet œil au symbole d'Ouroboros signifiait tellement cela en cet instant, qu'il dû user de sa force mental pour réprimer un long frisson dans son dos. C'était donc vrai, les légendes avaient toujours leur part de vérité. Voila qui paraissait fascinant. Certes, mais aussi très dangereux et Hawat savait reconnaître quand il devait marcher sur des œufs ou pas.
Immobile, le visage fermé et très sérieux, le Général ne se déroba pas une seconde à cette expression qui se tenait si proche de lui. Seul, une légère inclinaison de son menton, signifia qu'il comprenait où son supérieur voulait en venir. La mort n'effrayait pas tellement Daneel. Un soldat y était préparer dès le début de sa formation, mais ce n'est pas pour autant qu'il désirait partir les pieds devant tout de suite. Il avait quelqu'un à éduquer et à voir s’épanouir avant tout. Tandis que le Généralissime vint à se reculer lentement de sa personne pour remettre son bandeau et son épée à son flanc, ses lèvres s'animèrent enfin, comme si jusque là elles avaient été scellés.
➽ Le problème des dirigeants est inévitablement : qui jouera le rôle de Dieu. J'en vois toute la véracité.
Un souffle qui trahissait tout une vérité et en ce moment, le Général peinait à croire qu'il y aurait meilleur personne que Bradley pour remplir ce rôle. A moins qu'on lui démontre le contraire. Cette journée sera difficilement ordinaire après de telles révélations. D'après les paroles de son supérieur, tout l'état major était au courant, et il en faisait parti. C'était comme entrer dans la coure des grands, mais avec la sensation qu'il y avait un sol très instable sous les pieds. Il allait devoir être sans cesse en mouvement à présent, tout comme on doit l'être face au désert.. Une fin sourire discret apparut à ses lèvres. Un endroit si familier pour lui. Il salua comme il le devait le Généralissime qui s'en allait déjà... Il pouvait entendre la porte se refermer, puis ses pas s'éloigner, accompagné par toute sa suite. Soupirant lentement, Daneel finit par reprendre une cigarette, avant de retourner vers la fenêtre, pour voir Bradley s'arrêter un instant devant sa voiture, avant de se tourner vers lui, comme s'il pouvait le voir depuis sa position. Le général tira sur sa clope avec ce mince sourire presque effacé. Évidemment qu'il pouvait le contempler.
➽ Bon voyage..
Après quoi il se détourna définitivement avant de quitter son bureau pour une histoire de rixe dans une taverne, mêlant ses hommes et un civil... Il paraît qu'il avait dit des choses intéressantes. Bien, un peu de distraction avant qu'il ne monte une équipe complète pour une chasse à l'homme.
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