Secouant un peu son visage, Daneel tentait de chasser cette sensation de picotement dans les yeux. Sans doute à cause de la fumée qu'il avait trop affronté pendant cet assaut. Il attrapa sa gourde pour se verser un peu d'eau dans sa main métallique avant de l'appliquer sur sa vision qui se fit un peu mieux. Un soulagement salutaire, tandis que de ses oreilles, il perçu la réflexion bougonne de son subordonné qui revenait. Il semblait en un seul morceau et c'était plutôt une bonne chose vu la situation. Le Général avait définitivement renoncer à l'appel radio et il fixa un court instant de ses yeux calculateur, l'essence qui s'éparpillait sur le sol, après son coup de pied. S'éloignant un peu du véhicule, Daneel se contenta de boire une gorgée de sa gourde, laissant l'eau un moment à l'intérieur de sa bouche pour une meilleur humidification, avant d'avaler pour de bon. Se rapprochant du Bullet Alchimist, il fit retourner un cadavre de son pied, notant l'apparence de ce dernier...

➽ La radio est morte et puisque nous n'avons pas de véhicule, je doute qu'il soit sage d'attendre ici. D'autres pourraient revenir et je n'ai pas l'intention de pousser ma chance plus longtemps. Le soleil n'est pas prêt de se coucher, et nous n'auront pas de quoi nous ravitailler en eau.

Autant dire qu'il n'y avait pas trente six solutions à disposition pour nos deux hommes. Hawat rangea sa gourde sur son flanc et fixa un temps le soleil. Ce dernier n'allait pas les aider, il ne le faisait jamais et le désert... éh bien ce dernier n'aimait pas les choses qui restaient trop longtemps immobile. Sa réflexion personnel cessa quand Slevin attira une nouvelle fois son attention, venant à lui montrer les armes au sol. Le Général s'approcha à son tour pour se pencher, afin de saisir l'un des fusils.. Il l'étudia un long moment avant de présenter une série de chiffre...

➽ Ce sont nos fusils. Sans doute en provenance d'un autre convoie volé ailleurs. J'en aurais été informé si ce vol que nous venons d'interrompre était le premier.

Il garda le fusil en main avant de faire signe à Slevin d'en faire autant. Inspirant lentement l'air ambiant et oubliant plus ou moins la frustration de ne pas pouvoir en griller une, il  finit par reprendre :

➽ Les ordres sont simples, puisque nous ne pouvons pas rester ici, eux, n'auront pas non plus ce qu'ils ont tenté de ravir. Gardons ces fusils en guise de preuve de leur armement actuel. Je commence à me dire qu'il doit y avoir des taupes par chez nous.

Il vint à lui taper doucement l'épaule, l'invitant simplement à se faire à l'idée de devoir marcher, puis Daneel passa devant sa personne tout en attrapant son briquet.. Il l'alluma en fixant un petit instant cette flamme, avant de jeter le tout vers le filet d'essence qui s'éloignait du camion. Le Général agrippa rapidement son subalterne pour se cacher derrière un rocher. L'explosion fut intense, et tout vola tout autour d'eux sous une chaleur plus accrue. Après quoi, sans perdre le moins du monde son sang froid, Daneel fit quelques pas pour qutter la zone, venant à ignorer un bout de taule qui retomba non loin de lui.  

➽ l'explosion a dû se faire entendre à des kilomètres, on devrait se dépêcher de rejoindre la route, avant d'autres ennuies. Il va falloir ouvrir une enquête plus approfondie de tout ce foutoir et je crois que ça va être votre job...

Tout en marchant légèrement devant, Daneel maudissait intérieurement le fait de devoir se taper une bonne partie de la route à pieds, alors que le sable tourbillonnait inlassablement sous leur pas. Ce dernier ne s'arrêtait jamais de se mouvoir, car tel était la loi du désert. Tout ce qui reste immobile périt. Inspirant l'air chaud tout en regrettant de ne même pas pouvoir s'en griller une, le Général tourna à demi son visage vers son subordonné qui venait à s'interroger sur une possible traîtrise dans leur rangs. Apparemment lui aussi pensait que c'était plausible.

➽ Comme dit l'adage, soit encore plus proche de tes amis, car ce sont eux qui sont le plus amène de te planter le couteau dans le dos. On a toujours trop tendance à observer son adversaire pour s'en rendre compte.

Même si ça ne lui convenait pas de savoir qu'il y avait des taupes dans sa brigade, Daneel savait qu'il allait devoir y remédier. A la base, il s'évertuait à bien choisir chacun de ses hommes, surtout les plus proches de son commandement. Mais il n'était pas non plus infaillible. Inspirant encore cet air chaud, son regard se posa sur la route qu'il pouvait entrevoir un peu plus loin. Même le vent n'était pas spécialement sympathique envers nos deux protagonistes, se faisant plus brûlant que rafraîchissant. Le Général resta silencieux jusqu'à ce qu'ils parviennent enfin sur la surface plus ou moins modelé par le passage des véhicules. Avec un peu de chance et avec l'aide de cette explosion spectaculaire, peu être que l'alerte aura été donné vers le QG. Reportant à nouveau son attention sur Slevin, Daneel se contenta de faire une courte pause dans sa marche, venant à attraper sa gourde pour recueillir un peu d'eau dans sa bouche. Encore une fois, il la laissa un instant ainsi, sans la boire directement, afin d'user au maximum ses capacités rafraîchissante, avant de définitivement laisser glisser le liquide au fond de sa gorge.  Rangeant ensuite le contenant à son flanc, il laissa enfin sa voix se faire entendre, tandis qu'il tentait de voir au loin s'il ne verrait pas une fumée qui annoncerait le déplacement d'une voiture quelconque.

➽ Très bonne idée, et si vous avez besoin de quelque chose en particulier pour faire au mieux, faites le moi savoir. 

Quand à cette petite invitation à participer à ne serait qu'a un interrogatoire, Hawat esquissa un sourire en coin. Ce n'était pas moqueur pour un sous, mais plutôt de l'amusement.

➽ Si je dois vous aider je le ferais. De plus, il y a un petit moment déjà que je n'ai pas pousser un interrogatoire...Il ne faudrait pas rouiller.  

Daneel n'avait pas peur de se mettre dans la situation s'il le fallait, au contraire de pas mal de généraux. Se salir les mains étaient parfois un mal nécessaire. De plus, la dernière fois qu'il avait enquêter et surtout, interrogé, il avait eut une bonne surprise à la clef.  Bon, l'interroger n'était pas mort, bien au contraire, il vivait toujours à Dublith, surveillé plus ou moins par un ou deux hommes a qui il avait donner des ordres. Mais ça s'arrêtait là. Reprenant sa marche, il finit par lever une main à l'attention de Slevin. On pouvait entendre le bruit d'un véhicule. Rapidement Daneel attrapa son arme au cas où, faisant écran envers son subalterne avant d'apercevoir malgré le soleil, une voiture de garnison. Le Général fit donc de grand signe jusqu'à ce que la voiture ne s'arrête pour les inviter à venir à l'intérieur. Apparemment l'alerte avait été effectivement donné et on avait ordonné d'aller à leur recherche.  Une fois posé dans la voiture Daneel réclama une cigarette et du feu, tandis qu'ils revenaient définitivement à la base..  

L a route fut assez rapide jusqu'au QG et Daneel semblait en accord avec le Major Jaeger. Ce dernier avait soulevé qu'ils devraient interroger le conducteur. Ce dernier devait d'ailleurs être encore interroger pour les modalités de l'enquête. Le Général avait encore le goût amer de la perte de ces armes, malgré la satisfaction que de les avoir détruites rendaient les efforts de ces voleurs, vains. Reposant le pied à terre, il épousseta un peu son haut d'uniforme couvert de poussière et de sable. Laissant Slevin rendre les preuves à leur soldats, Hawat réclama un bref rapport de ce qui avait été fait pour dégager le Wagon de la voie, avant d'ordonné que l'on étudie le registre qui recensait la marchandise volée. Il fallait trouver la concordance entre les armes que son second et lui-même avaient rapporté, et le dit document. Les résultats devront être remit à son bureau et en main propre. De ce qu'il venait d'apprendre, le conducteur du train était encore en cellule et attendait son interrogatoire. Parfait, il y avait un moment qu'il n'avait pas frapper du poing sur la table. Si on peut dire les choses de cette façon. Son attention se tourna dès lors sur son second qui vint à lui en lui présentant une cigarette. Très bonne idée que voilà. D'un mouvement de tête, il remercia en silence Slevin, avant de se saisir de la coupable pour l'allumer à l'aide de son briquet. Tirant  avec soin sur sa cigarette gracieusement offerte, ses pupilles suivirent le Bullet Alchimist qui se reposa le dos contre le mur. C'est vrai que la journée n'avait pas été sans  accro. Mais c'était leur boulot et le Général n'était pas un tir au flanc. Faisant un peu craquer ses cervicales, Daneel se contenta de cette petite pause pour se ressourcer. Dans son esprit, il agençait avec soin, divers méthodes pour parler ce type. Il sera simple de voir s'il était du genre complice ou bien un simple  gars qui faisait son job.  Cependant un tel vol sous entendait très clairement une taupe.

Sagement, Hawat termina sa clope avant de l’atteindre sous la semelle de sa chaussure, avant de venir la jeter dans une poubelle un peu plus loin. Le soleil tapait encore bien au dessus d'eux et une petite goutte de sueur perla à sa tempe, avant de choir le long de sa joue. Le Général  finit par entrer dans le bâtiment réservé aux prisonnier et aux interrogatoire, non sans faire un signe de la main envers Slevin, afin qu'il le suive. Une fois à l'intérieur, c'est la fraîcheur des lieux qui s'imposa à eux. Quelque chose de plutôt apaisant, quand on  a cuit ainsi pendant un long moment à l'extérieur. Une sensation agréable qui cependant n'enlevait rien à la gravité de la situation. Daneel voulait des réponses, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Croisant un garde, il ordonna à ce dernier de le mener dans la salle où se trouvait le suspect. L'homme s'activa et les fit entrer dans une pièce plutôt petite mais bien entretenu. Les murs gris n'offraient aucune échappatoire, si ce n'était cette porte blindée. L'homme se tenait assit sur une chaise, sans entrave. Après tout, il n'était encore accusé de rien et le Général ne voulait pas l'invité à croire qu'il était un coupable. Le braquer serait une grossière erreur. Son visage paraissait épuisé et il y avait de la peur dans son regard. Une table  et deux autres chaises se tenaient juste devant lui.

La porte se referma derrière nos trois protagonistes, les laissant enfin seuls. Hawat, finit par s'asseoir tranquillement, venant à retourner la chaise pour avoir le dossier en face de lui. Une position qui n'avait rien de protocolaire, mais plus typique d'une personne qui prenait parfaitement ses aises. Ses yeux se posèrent un instant sur le document qui résidait sur la table... Rollo Tomasi. C'était donc son identité...Relevant ses yeux en face de lui, il se contenta de lancer le sujet :

➽ Monsieur...Tomasi, c'est bien ça ? Et si vous me racontiez ce qu'il s'est passé exactement, pendant que vous conduisiez ce train.

Rollo semblait un peu dépiter pendant quelques secondes, mais devant ces deux hommes, il prit le parti de simplement froncer des sourcils. C'était la deuxième fois qu'on lui réclamait ça.  Cependant il sentait bien que ce ne serait pas une bonne idée de râler. Alors il tenta d'être concis dans ce qu'il disait. Le conducteur révéla que tout allait bien jusqu'au dernier changement d'aiguillage. Quelques minutes après, il avait sentit une violente secousse...Mais rien de plus. Une belle chaîne en argent dépassait de son veston, sans doute pour retenir une montre a gousset, mais de quoi être intriguant pour un modeste chauffeur de locomotive.

Toujours assit sur sa chaise, l'un des bras reposant sur le dossier de cette dernière, Hawat fixait cet homme à l'apparence très nerveuse. On ne le serait pas moins dans ce genre de salle, il pouvait le lui accorder. Jusque là, c'est Slevin qui prenait les notes tout en posant les questions, alors que le mécanicien se mettait plus ou moins à table. Il n'avait rien vu d'étrange ni de particulier et quand les choses se sont enclenché, il s'est empressé de mettre à l'abri  ses voyageurs. Geste louable et qui devrait habiter n'importe quel conducteur de train. Son regard sombre étudiait ce visage inquiet qui s'excusait de ne pas en dire plus et qui se demandait bien ce qui allait lui arriver. Daneel glissa un regard envers son subalterne qui tentait d'apaiser l'interroger. Il se demandait bien ce qu'il pensait de toute ça. Le Général  finit par abandonner sa place pour contourner le chauffeur pour au final se pencher par dessus lui, et posa une main sur la table avec une fermeté presque trop tranquille. Régner par la peur, ça le connaissait. L'homme se tendit nettement sur son assise, laissant une perle de sueur s'écouler le long de sa tempe. Les doigts métallisés tambourinèrent lentement la surface de la table. Sa voix résonna juste au dessus de sa tête, sur un ton calme.  

➽ On va être franc, Monsieur Tomasi. Il est impossible que cet acte ait été fait sans le moindre complice.

Puis il le contourna à nouveau vers la gauche, rejoignant Slevin, mais ne reprenant pas sa place assise pour autant. Hawat ne quittait pas du regard le type qui semblait réaliser qu'il ne sortira pas de là sans avoir été plus concentré sur la situation. Ça rejoignait en effet ce que venait de dire l'alchimiste d'Etat  qui prenait des notes.. « Tant qu'il coopère »... Il soupira intérieurement, chassant brièvement sa  nervosité, alors que Daneel reprit dans le même ton :

➽ Dans le dossier, il est dit que vous faites ce travail depuis bientôt six ans, c'est suffisant pour connaître ses collègues.. Est-ce qu'il n'y a pas eu un changement dans l' équipe ? Ou bien un changement de comportement chez l'un d'eux, alors qu'il vous semble pourtant proche d'ordinaire ?

Le Général faisait référence à un possible ami. Une personne qui aurait gratter sa confiance pour se rendre insoupçonnable d'un tel acte. D'où cette possible chaîne en argent qu'il voyait à sa veste. Mais peut être qu'il analysait un peu trop la situation. Mais le fait est que cet homme donnait l'impression d'être un peu trop facile à manipuler. Le conducteur finit par triturer sa casquette dans ses mains, sans trop les regarder dans les yeux. Comme s'il réalisait progressivement  les événements.

- Il y a bien James qui m'accompagne la plus part du temps pendant les trajets. Il est censé vérifier aussi les accès entre les wagons et leur attaches.  C'est un ami, alors je doute qu'il fasse une telle chose.

Le Général glissa un regard entendu avec Slevin, et il répondit d'une voix tranquille :

➽ Vous seriez étonné de savoir combien un ami peut se jouer de vous bien plus qu'un ennemi.

Enfin on avait une réponse qui donnait un peu de quoi moudre. Mais ils n'avaient qu'un prénom présentement. Il ne manquait plus qu'un nom...

Ils possédaient actuellement un prénom, mais Daneel sentait bien que l'homme n'allait pas tarder à se mettre à table. Son comportement de plus en plus nerveux exprimait beaucoup de chose... Le regard du Général glissa un instant sur son second, Slevin qui venait tout bonnement de reprendre le relais après le premier coup de semonce qu'il venait de porter. Le conducteur lâcha enfin ce nom... James Hearnet. Bien il ne sera pas compliqué de mettre la main sur cet homme en cas de mensonge, mais vu l'attitude de son ami, Hawat en doutait fortement. Cependant, le Major poursuivit car c'était encore bien trop peu pour pouvoir comprendre ce qu'il s'était réellement passé. Toujours aussi silencieux, laissant simplement son subordonné prendre les commandes, le Général admira cette tentative de bluff. Il n'y avait encore aucun arrêté sur la tête de cet homme et encore moins une exécution programmée. Un fin sourire aussi éphémère que discret apparut sur ses lèvres fines, animant faiblement sa barbiche. L'interrogée semblait parfaitement à point et soudain, il se mit à tout raconter. Révélant alors qu'il avait été contacté par téléphone d'une personne qu'il ne connaissait rien, avant d'établir un plan avec son ami pour faire au mieux.

Mais pour Daneel voler l'armée était un crime de haut niveau et si jamais il mettait la main sur le petit malin qui avait organiser tout cela, il se jura de lui faire regretter une telle aisance. Néanmoins ce conducteur n'avait rien d'un traître mais simplement d'un type qui avait choisi de faire son boulot.. C'est à dire protéger ses passager malgré la menace. C'était louable et bien que le Général Hawat était reconnu pour être froid, il trouvait qu'il en avait un peu dans le pantalon malgré tout. Reportant son attention sur Slevin, il nota que ce dernier avait lever sa tête en sa direction, comme attendant ce qu'il en pensait. Daneel se décala du mur en inclinant un peu du menton vis a vis de lui. C'était du très bon travail.

➽Bien, voilà qui est mieux de votre part. Rassurez vous, vous ne serez pas exécuté.

Il fit une courte pause cela dit, avant de reprendre sur le même ton, tout en se penchant sur la table pour rapprocher son visage du conducteur :

➽ Du moins pour cette fois. Car si cela se reproduisait, je vous jure que je vous exécuterais moi-même.  

Son regard ne trompait nullement ses paroles. L'acte était un véritable préjudice. Une chance qu'ils aient pu détruire ces armes car sinon elles auraient armées des rebelles dont il se passerait bien. Lentement, le Général se recula et fit signe à des gardes d'entré afin d'amener dehors cet homme. Il était libre mais sous surveillance. Monsieur Tomasi fut donc embarqué pour de bon, tandis que Daneel reporta son attention sur son second dont il vint tapoté l'épaule de manière confiante.

➽ C'était une belle manœuvre Major. Je vous libère pour cette journée. Mais je vous charge de cette enquête. Nous devons éviter que ce larcin se reproduise à nouveau. Trouvez moi cet homme.

C'est avec un air entendu qu'il quitta définitivement cette pièce afin de rejoindre son bureau. Un homme qui pouvait ainsi menacer, manipuler et organiser un vole avec autant de précision, ne pouvait pas être seul. S'installant sur son siège il s'alluma une cigarette. S'il n'empêchait pas ce groupe de prendre de l'importance, alors leur assurance sera dévastatrice.